Toutes les critiques de England Is Mine

Les critiques de Première

  1. Première
    par Michaël Patin

    C’est l’histoire de Steven Morrissey avant qu’il ne devienne leader des Smiths. L’adolescent dépressif sous l’icône de la pop anglaise. Un petit film sur la petite histoire, en forme de « coming-of-age story » dans le Manchester blafard des années Thatcher, dont les contraintes de productions font office de carburant. N’ayant pu utiliser les chansons de l’artiste, Mark Gill se rabat sur celles qui ont construit sa personnalité. Ne pouvant piocher dans ses citations au vitriol, il imagine une voix off « à la manière de » plutôt ressemblante, mais fatalement édulcorée. Même peine pour l’acteur écossais Jack Lowden, qui n’a qu’une seule occasion d’imiter (bien) les inflexions vocales et attitudes scéniques de Morrissey. Comment faire entrer l’esprit de l’homme dans cet espace réduit ? La bonne idée du film consiste à le réduire encore, limitant le contexte aux éléments de décor et évidant le scénario de son potentiel romantique. Pas de héros ici mais un fils à maman sans volonté, replié sur sa superbe intérieure. Mais le fan derrière le réal’ fait barrage : soucieux de l’approbation de son sujet (qui n’a jamais répondu à ses appels), il construit chaque vignette comme un moment-clé psychologique, recense les obsessions du Moz par le menu et fantasme la création musicale à travers ses clichés – celui de la chambre à coucher, de la rencontre fondatrice, de l’invention de soi dans un monde récalcitrant, de l’inné contre l’acquis. Dommage qu’après avoir bravé tant de contraintes, England Is Mine s’en invente de nouvelles tout aussi embarrassantes.