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C’est un épisode de l’histoire de l’URSS période Khrouchtchev longtemps mis sous le boisseau par le régime soviétique. La première fois que des prolétaires osèrent défier le pouvoir avec une manifestation (dans la ville de Novotcherkassk) réprimée dans une implacable brutalité provoquant 28 morts dont les corps furent enterrés à la va- vite pour être introuvables. Konchalosvky s’empare de cette tragédie mais par le prisme d’un personnage qui va le vivre, sous haute tension, en perdant heure après heure tous ses idéaux. Elle s’appelle Lyudmila (Yuliva Vysotskaya, saisissante). Nostalgique de Staline, figure du PC local, elle n’a spontanément pas de mots assez durs contre ces protestataires qu’elle assimile à des traîtres avant que sa fille se retrouve portée disparue dans ces manifestations. Et qu’elle entame alors un long chemin de croix pour la retrouver, forcée à contourner les règles qu’elle a contribués à édicter. Plus que la manifestation en elle- même, c’est la redistribution des cartes qu’elle provoque qui intéresse le cinéaste, reconstituant cette époque dans un noir et blanc sublime, pour évoquer le caractère universel et intemporel de ces certitudes politiques qui vacillent dès lors que des dommages collatéraux brutaux viennent percuter brutalement le quotidien des intéressés. Chers camarades ! se vit comme un suspense d’autant plus haletant que Konchalovsky prend le temps d’un récit dont l’héroïne sait qu’elle ne peut faire confiance à personne car elle serait la première à trahir quiconque lui demanderait de l’aide dans les mêmes circonstances. Vertigineux.