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Ce devait son tout premier long, inspiré par sa maman. Et puis la lenteur du financement l’avait poussé à se lancer dans Tu mérites un amour, pour combler son besoin impérieux de filmer. Bonne mère est donc le deuxième long d’Hafsia Herzi et l’expérience emmagasinée a d’évidence nourri ce projet. Car Hafsia Herzi- réalisatrice monte d’un cran à partir d’un scénario plus carré que Tu mérites un amour mais toujours traversé par ce qui fait sa force : sa capacité à laisser la vie envahir l’écran comme si sa caméra n’existait pas pour ses comédiens (tous insensés). Et ce tant dans les scènes de tchatche explosives que dans les moments plus apaisés, plus tristes, plus mélancoliques qu’elle s’autorise davantage. De bruit, de fureur, de fous rires et de douceur. Voilà comment décrire le cinéma d’Hafsia Herzi qui s’impose comme un auteur à part entière en seulement deux films. « Tant que je suis debout, je resterai solide », dit son héroïne. Un mot qui prend tout son sens pour définir cette maman de famille nombreuse des quartiers Nord de Marseille, femme de ménage qui veille telle une louve sur une tribu riche en personnalités tranchantes et amputée momentanément d’un fils en prison. Bonne mère est le portrait de cette résistante qui plie mais ne rompt pas. Le regard qu’Hafsia Herzi pose sur elle est bouleversant d’humanité mais dépourvu d’angélisme. Idem pour ses autres personnages à qui elle ne passe rien sans pour autant les juger et en racontant par un prisme majoritairement féminin ces quartiers que le cinéma a surtout montré via des figures masculines. Son film bouillonne mais se s’agite jamais en vain. Vivement le troisième !