Première
par Pamela Pianezza
Fidèle aux irrésistibles bandes dessinées de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie (également réalisateurs du film), Aya de Yopougon raconte le quotidien universellement touchant d’une bande de copines en plein passage à l’âge adulte, mais dans un contexte africain que l’on n’a pas l’habitude de voir au cinéma. L’approche des deux auteurs, dépourvue d’exotisme, est véritablement singulière. D’abord, par son caractère urbain (loin des cases de Kirikou, le récit se déroule à Yop City, un quartier de la classe moyenne d’Abidjan), et ensuite, par la dualité qui caractérise le personnage principal, Aya, profondément africain (notamment dans son rapport à la famille) mais animé d’élans féministes peu compatibles avec son quotidien. La reconstitution de l’époque est soignée, des coupes de cheveux aux pantalons pattes d’eph, en passant par la musique afro-cubaine et les publicités télé kitchissimes. Dommage que l’animation soit aussi paresseuse – par moments, on a tout simplement l’impression de voir un album prendre vie à l’écran. Le charme du film est donc ailleurs, dans sa tendresse réaliste et sans complaisance, dans son humour ponctué d’argot abidjanais et dans sa manière d’aborder les sujets les plus graves dans de très sonores éclats de rire.