De Alien : Covenant à Logan Lucky, ses chansons trustent toutes les B.O.
Si vous n’avez pas grandi aux Etats-Unis dans les années 70-80, ou si vous n’êtes pas un mélomane érudit spécialisé dans l’histoire du folk et de la country US, il y a de fortes chances que vous ne connaissiez pas John Denver. En revanche, si vous êtes allés au cinéma cette année, vous avez forcément entendu une de ses chansons. C’est simple : il n'y en a que pour lui. Dans le dernier Alien, quand l’équipage du Covenant reçoit un message provenant d’une planète inconnue, il s’agit d’une de ses ballades, Take me home, country roads, son hit millésime 1971. Soit la même chanson que chante Mark Strong à la fin de Kingsman : le Cercle d’or. Qui est aussi la chanson sur laquelle disserte Channing Tatum dans la jolie scène d’intro de Logan Lucky. Dans Free Fire (le film de gangsters seventies de Ben Wheatley, sorti au printemps dernier) et dans Okja (le film Netflix de Bong Joon Ho), c’est un autre classique de John Denver qu’on entend, Annie’s Song (1974). Et pas juste comme ça, en passant, non. A chaque fois, le morceau résonne dans des scènes marquantes, des moments cathartiques (la traversée d’un entrepôt jonché de cadavres dans Free Fire, l’évasion d’Okja dans Okja).
Dans une interview accordée au site Vulture, Amy Abrams, qui gère le catalogue du chanteur, confirme qu’il y a récemment eu une hausse des demandes d’utilisation de ses morceaux au cinéma. “Les chansons de John Denver sont iconiques pour une génération et font désormais partie de la conscience collective, explique-t-elle. Beaucoup de réalisateurs, de producteurs, d’acteurs, de monteurs et de music supervisors en étaient fans quand ils étaient plus jeunes et sont désormais dans une position où ils peuvent faire entendre la musique qu’ils aiment ». De fait, Bong Joon Ho a expliqué en interview que son grand frère était dingue d’Annie’s Song quand ils étaient gosses et que la chanson a pour lui le parfum de l’enfance. Ben Wheatley aussi l’écoutait en boucle dans sa jeunesse. Annie’s Song a d’ailleurs presque “déclenché” Free Fire à elle toute seule : “C’est la première image du film qui m’est venue : une camionnette Chevy qui tourne en rond dans un grand espace vide, avec un type en train de mourir au volant. Je me suis dit : “Quelle serait la chanson la moins appropriée à passer à ce moment-là ?”” Son choix s’est donc porté sur cette jolie mélodie sortie en 1974, l’année où Denver, musicien issu de la scène folk sixties, atteint son pic de popularité : il case alors pas moins de quatre singles d’affilée en tête des charts. Au cours des décennies suivantes, il gagnera un Emmy, des Grammys, chantera avec Joan Baez, se lancera dans le combat écologique… avant de mourir dans un accident d’avion, en 1997, à 53 ans.
Dans Logan Lucky, qui se déroule en Virginie-Occidentale, l’utilisation de Take me home, country roads était presque un passage obligé, la chanson, avec ses paroles bucoliques et grandioses (“Almost heaven / West Virginia”), étant devenu au fil du temps l’un des hymnes officiels de ce petit Etat des Appalaches. A la fin du film, les protagonistes l’entonnent en chœur, les larmes aux yeux et une grosse boule dans la gorge. Et l’on réalise que la plus belle chanson de 2017 est vieille de 46 ans.
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