La comédie politique avec Sara Forestier et Jacques Gamblin revient sur Arte.
En février 2011, pour patienter jusqu'à la cérémonie des César 2011, Premiere.fr revenait sur l’histoire de cette cérémonie avec des acteurs, actrices, réalisateurs ou techniciens qui ont eu le sésame. A l'occasion de la rediffusion du Nom des gens, à 21h05 sur Arte, nous republions notre rencontre avec Michel Leclerc, qui était alors en lice pour les César du meilleur scénario original, meilleur film, meilleure actrice et meilleur acteur. Il a finalement remporté celui du meilleur scénario avec sa complice Baya Kasmi, et Sara Forrestier est repartie avec la statuette de la meilleure actrice.
Par Charlotte Sarrola
Vous êtes nommé pour la première fois à la cérémonie des César pour votre deuxième long-métrage, Le Nom des gens. Vous pensez quoi de la cérémonie ?
Comme tout le monde, je la trouve un peu décevante. Pourtant, chaque année je la regarde et ce depuis que je suis ado. Finalement, ce n’est qu’une distribution de médailles. Mais la plus importante. Maintenant, j’ai l’impression qu’il y a trop de prix : le prix Louis Delluc, le prix de la critique, le prix Lumière, le prix machin… Tout ça dévalorise les César, qui sont devenus une simili-récompense. Surtout que les prix reviennent souvent aux mêmes films. Ceci dit, je suis super heureux d’être nommé. Sûrement parce que c’est la première fois. J’ai l’impression… J’ai l’impression d’être arrivé à quelque chose… comme une reconnaissance professionnelle.
Surtout que là, votre film est nommé plusieurs fois et notamment dans la catégorie meilleur film.
C’est ce que je vous disais. Au-delà de la cérémonie en tant que telle, pour nous, c’est comme le 14 juillet. C’est bouleversant, dans la mesure où ça fait très longtemps que je fais des films sous différentes formes (des courts métrages, des séries). Et là c’est la première fois que ça marche.
Comment avez-vous appris que vous étiez nommé ?
Un copain m’a envoyé un sms en disant "bravo". J’ignorais totalement de quoi il me parlait. Comme je n’étais pas encore au courant, il n’a pas voulu m’en dire plus. Ensuite, le producteur et Baya Kasmi m’ont appelé.
Vous vous y attendiez ?
J’espérais que Sara Forestier serait nommée. Je savais que c’était possible parce que son rôle ressort pas mal. Pour le reste non. D’ailleurs j’étais super heureux que Jacques (Gamblin NDLR) soit aussi nommé. Son rôle est en retrait par rapport à celui de Sara et j’ai toujours l’impression qu’on voit moins le travail des comédiens aux rôles plus discrets. Alors que les personnages flamboyants sont des rôles à César.
Ce qui est amusant, c’est que votre premier long, J’invente rien, est passé totalement inaperçu, alors qu’il fonctionne sur les mêmes ressorts que Le Nom des gens (Couple marginal, sagacité du perso principal…)…
L’impact d’un film dépend finalement beaucoup du tuyau dans lequel on le met au départ. J’invente rien était un petit film en terme de budget, distribué par un petit distributeur. Kad Merad n’était pas encore sous les spotlights comme maintenant. Du coup, lorsque j’ai proposé le couple Elsa Zylberstein-Kad Merad, les producteurs pensaient que ce n’était pas crédible notamment à cause de Kad ; ils trouvaient le couple pas assez réaliste ! Comme ils m’avaient déjà refusé le rôle de l’inventeur que je souhaitais jouer initialement, ils ont fini par accepter. Peu distribué, avec pratiquement pas de promo, il n’y a pas pu avoir d’effet boule de neige comme avec Le Nom des gens.
La semaine de la critique à Cannes où Le Nom des gens a été présenté fait partie de ces « tuyaux » nécessaires au succès médiatique du film, non ?
Complètement. Ça a permis à mon film d’avoir une meilleure exposition. J’invente rien, qui au même titre que Le Nom des gens est une comédie, n’a jamais été montré comme un film d’auteur. Du coup, il n’a été distribué que dans les multiplex, et pas dans le réseau art et essai. Alors que, à partir du moment où Le Nom des gens a été sélectionné à la Semaine, on lui a collé cette étiquette "film d’auteur". Du coup, il a été plus largement distribué et considéré différemment par les médias… C’était toujours une comédie, mais c’est aussi un film d’auteur.
Enfin… si votre film est présent aux César, c’est grâce au coup de gueule de Dany Boon, non ?
Peut-être, je ne suis pas sûr. Une certitude : les jurés de l’Académie aiment les "succès- surprise", c'est-à-dire ni les cartons programmés comme Les Petits mouchoirs ni les films trop peu connus.
Le côté politique du film a aussi aidé à sa promotion.
Bien sûr, mais ça on ne l’a pas vraiment choisi. On savait que le film parlait de sujets assez obsessionnels et du coup, ça intéresse forcément plus les gens.
Je pensais plutôt à la présence de Jospin…
Là encore on ne l’a pas pensé en terme promotion. Quand on l’a écrit, on était plutôt comme deux gamins qui se lancent un défi. Une fois qu’il a tourné dans le film, j’ai eu conscience que ça excitait un peu tout le monde. D’ailleurs à la semaine de la critique les gens venaient lui demander des autographes. Comme il est par définition le politique de l’anti bling-bling, je pense que les gens lui trouvent un intérêt nouveau vu la situation actuelle. D’ailleurs il sera présent à la cérémonie des César.
Ca va changer quelque chose pour la suite de votre carrière ?
Oui. Je suis en plein casting pour mon prochain film, Télé gaucho. Le casting avance bien. Et c’est vraiment la différence que je remarque par rapport au succès d’un film. Maintenant je contacte des comédiens connus en toute simplicité. Quand les gens ne connaissent pas votre travail, vous ramez, il faut passer le filtre des agents. Désormais je sais qu’on va lire mes scénarios. Depuis que le film a marché, c’est plus facile, il y a même des comédiens qui m’appellent… Alors, si je décroche le César, vous imaginez.
L'histoire du Nom des gens : Bahia Benmahmoud, jeune femme extravertie, se fait une haute idée de l'engagement politique puisqu'elle n'hésite pas à coucher avec ses ennemis pour les convertir à sa cause - ce qui peut faire beaucoup de monde vu qu'en gros, tous les gens de droite sont ses ennemis. En règle générale, elle obtient de bons résultats. Jusqu'au jour où elle rencontre Arthur Martin - comme celui des cuisines - quadragénaire discret, adepte du risque zéro. Elle se dit qu'avec un nom pareil, il est forcément un peu facho. Mais les noms sont fourbes et les apparences trompeuses...
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