La lune de Jupiter
PYRAMIDE DISTRIBUTION

Le hongrois Kornél Mundruczó (White dog) déçoit avec ce film fantastique un peu toc.

Arte poursuit son festival du cinéma en proposant deux films inédits, ce soir, ainsi qu'en replay : Cold War, puis La Lune de Jupiter. Si la rédaction de Première avait adoré le premier, lors de sa présentation au festival de Cannes 2018, le long métrage diffusé en deuxième partie de soirée avait été une déception un an auparavant. Voici notre critique.

Prix Un Certain Regard en 2014 pour son éprouvant White Dog, Kornél Mundruczó attendait son heure pour participer à la grande compétition officielle cannoise. Cela a été chose faite avec son dernier film, qui n’est pourtant pas le plus réussi mais le plus ambitieux sur le papier. S’emparant d’un grand thème d’actualité, la crise des migrants, il signe une fable socio-spirituelle qui met en scène Aryan, un migrant touché par la grâce après avoir été abattu : il se met en effet à léviter et à contrôler la gravité, un peu à la façon des anti-héros de Chronicle. Sauf que nous ne sommes pas dans un film de super-héros à la mode européenne (comme pouvait l’être l’excellent On l’appelle Jeeg Robot) mais dans un conte métaphysique au message profondément simpliste. Comme le dit l’un des personnages, "les gens vivent horizontalement, ils ne lèvent plus la tête". Façon de dire qu’au lieu de s’élever, ils restent au ras des pâquerettes à la façon du docteur vaguement machiavélique du film qui finira par toucher du doigt, lui aussi, la vérité –que les pauvres migrants détiendraient, donc. On peut regretter cette absence totale de recul et de mystère d’autant que la mise en scène de Mundruczó, suite de plans-séquence maîtrisés, en jette plein la vue.