Vous définissez ce spectacle comme une comédie loufoque en chansons, c’est-à-dire ?El Tigre est une comédie puisque c’est une pièce de théâtre avec un enchaînement de situations de vaudeville. Comme nous nous écartons de tout réalisme, on peut dire qu’elle est loufoque. Et pour le côté musical, je dirais que c’est une opérette baroque d’aujourd’hui, avec toute l’exaltation féerique que possède ce genre. Bruno Coulais a écrit une véritable partition.Pourquoi avoir choisi cette pièce parmi vos nombreux projets ?Lorsque le Rond-Point m’a convié à venir pour les fêtes, j’ai pensé à El tigre, car c’est un divertissement qui parle de l’actualité. Quand j’ai commencé à écrire cette pièce, elle a coulé comme un fleuve. J’ai d’ailleurs été le premier surpris, car j'ignorais que je portais cela en moi.Vous avez puisé votre inspiration dans un livre de photos ?Un livre américain, très énigmatique, qui s’intitule Casa Susanna. On y voit des hommes en travestis, très élégants. Ces hommes, habillés en femmes bon chic-bon genre, sont très loin des drag-queens. Eux, c’était plutôt le style Doris Day, Zsa Zsa Gabor. Ils se réunissaient tous les week-ends dans cette maison, la Casa Susanna, pour rejouer un film. J’ai trouvé que c’était une bonne idée, l’histoire de ces amis qui se travestissent et s’amusent avec le cinéma.Et vous situez cette histoire chez vous, en Argentine !Dans un endroit appelé El Tigre. Dans cette région au Nord de Buenos Aires, se réfugiait autrefois une communauté gay. C’est là que j’ai installé l’histoire de "ces folles du cinéma" et de ce personnage, Holy, qui impose à ses invités du week-end de recréer un film. Et pas n’importe lequel, un superbe mélodrame de Douglas Sirk, Mirage de la vie. Mais tout va aller de travers et voilà que l’on glisse vers un film à la Ed Wood, le plus mauvais et le plus génial réalisateur du monde.Comme toujours, vos personnages sont hauts en couleur…Il y a donc Holy, la "cinéfolle", et sa servante Dark qui sont plus proches de Jack Lemmon et Tony Curtis dans Certains l’aiment chaud que de l’imagerie de la femme fatale ! Nous avons aussi un Français réfugié à Buenos Aires par amour pour Carlos Gardel. Et comme c’est une féerie, il y a une fée qui tente de mettre de l’ordre dans leurs délires cinématographiques. On trouve aussi une autochtone des îles argentines, une Indienne. Et Vampira, une créature sortie de chez Ed Wood qui entretient des liens avec des extraterrestres cinéphiles aimant les pires films du monde. Nous sommes dans un univers très BD.Et le fantôme de Lana Turner…Qui surgit pour tenter de sauver l’entreprise vouée au fiasco. Le fantôme de Lana exige de rejouer son personnage. Mais ce n’est pas évident, car sa fille, qui la préfère dans son caveau plutôt que dans l’imaginaire de ses admiratrices, vient la persécuter.Lana, c’est Arielle Dombasle qui arrive enfin dans votre univers.C’est vrai qu’il était temps ! Quand il a fallu trouver l’actrice qui se rapprochait le plus de cet univers, Arielle s’est imposée. Elle a le physique, la culture, l’humour, pour s’embarquer dans cette aventure. Je l’avais vue jouer, surtout chez Jérôme Savary, mais j’ai été conquis par la qualité et la fantaisie du disque "Extraterrestre", qu’elle a fait avec Philippe Katerine. Elle possède ce sens du décalage pour ironiser sur le cinéma. Comme son personnage, elle a une image glamour. Un physique irréel ! Mes costumiers à Buenos Aires pensaient que l’on se trompait avec nos mesures.L’épatant Denis D’Arcangelo fait également partie de votre distribution.Avec lui, j’ai découvert un sommet du music-hall français. C’est une grande révélation. Il arrive à donner une vitalité, une force au spectacle. C’est un fantaisiste dans la veine de Michel Serrault. Il se laisse aller sans crainte vers l’humour. J’espère que ce spectacle mettra encore plus en lumière son talent. Il est du même acabit que mes deux artistes argentins, Alejandra Radano et Carlos Casella. Alexie Ribes, qui joue la fille de Lana, apporte son incroyable énergie et son sens comique. Et Tota, l’Indienne, est interprétée par Andrea Ramirez, une chanteuse cubaine traditionnelle, qui fait ici ses débuts au théâtre. Je suis ravi de me trouver avec des artistes de cette envergure.Ça va être la fête !J’ai travaillé sur l’énergie de la fête : le rire et le divertissement. On a tout en main pour tirer un feu d’artifices. Il y a aussi les musiciens (un quatuor classique) qui sont présents sur scène et jouent une musique d’auteur inventive. Ce n’est pas de la variété. Il y a les costumes, les maquillages… Le côté exaltant des couleurs peut créer une situation festive et jubilatoire. Tout est en place pour que cela brille une fois de plus.
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- INTERVIEW - Alfredo Arias, le roi de l'opérette baroque et loufoque
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