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Et si on faisait des bons films ?

Et si on faisait des bons films ?

C?est un sentiment qui plane ces temps-ci. Une envie de (et du) cinéma français qui contredit le discours ambiant. Parce que si on écoute les analystes de tout poil, ça va mal. Le cinéma français est en crise. Des bides, gros, qui coutent cher. Des chiffres en berne, des salles vides, un système de production en surchauffe, les budgets énormes sur les comptes en banques des stars, mais riquiqui sur l?écran, la tyrannie des chaînes, les films de plus en plus nombreux mais de moins en moins rentables? blablablabla. A longueur de journée, on nous répète que le cinéma français tourne, tourne, tourne, mais plus tout à fait rond?Pourtant, il se passe un truc. Rien que sur cette fin d?année, la sortie d?Hippocrate, des Combattants ou, dans un autre registre, de Samba prouve que des cinéastes, des producteurs, essaient autre chose, veulent secouer le système et ont une nouvelle ambition de cinéma populaire.Il se passe quelque chose, quelque chose de durable, quelque chose qui concerne l?industrie tout entière, sommée de se réinventer. Quelque chose qui pique la curiosité et donne envie d?aller refaire un tour dans le(s) cinéma(s) de France pour voir ce qui s?y joue. Et surtout de poser des questions aux réalisateurs, aux producteurs et aux acteurs qui essaient une nouvelle voie. Moteur? Action !

Olivier Nakache

"Notre point commun, au fond, c?est qu?on sort tous de films qui ont marché, et qu?ensuite, il y a eu une remise en question. Michel avec The Search; toi, Matthieu, avec Un illustre inconnu; nous... C?est vrai qu?on a tous cherché à casser le moule, comme il dit. Il y a une envie de « rebooter », d?être un peu plus ambitieux, de ne surtout pas se reposer sur le film d?avant."

Eric Toledano

<em>"Il est difficile de répondre sur la notion de « bon film », mais il y avait de notre part l?idée de ne pas être résumés ou résumables trop facilement. On est toujours tenté de dire : « Eux, ils font de la comédie ; eux, ils font du drame ; eux, ils font des films populaires. » Une sectorisation à laquelle on a tous tenté d?échapper parce que nos inspirations ne sont pas d?une seule couleur."</em><em> (...)</em><em>"Je trouve qu?il est très sain que le système ne puisse pas tenir longtemps sans être obligé de se renouveler. C?est l?essence même de la création, les éléments perturbateurs qui viennent prouver qu?il n?y a pas de recettes et que c?est tant mieux."</em>Voir ici la bande-annonce de <em>Samba</em>, coréalisé par <strong>Olivier Nakache</strong> et <strong>Eric Toledano</strong>, qui est à l'affiche depuis le 15 octobre.Lire aussi :<strong>Eric Toledano : <em>"Après Intouchables, on était obligés de surpendre avec Samba. Omar le premier."</em></strong>

Vincent Maraval

<em>"Notre système était vertueux et adapté il y a trente ans, ce qui n?est plus le cas. (...) Vous avez vu combien on produit de films par an ? En moyenne 220. Si, dans le tas, on en produit 180 qui, dans n?importe quel autre pays, auraient été des téléfilms, je ne vois pas pourquoi on se réjouit. Au fond, je ne suis pas sûr que tout le monde soit d?accord avec votre constat d?envie de changement."</em>Le producteur Vincent Maraval, fondateur de Wild Bunch, a tiré la sonnette d'alarme en 2012 concernant le salaire trop élevé de certains acteurs français. Cette année, il a notamment financé Welcome To New York, un film inspiré par l'affaire DSK qui est sorti en VOD en marge du festival de Cannes.<strong>Voir sa bande-annonce</strong><strong>Vincent Maraval a-t-il sauvé le cinéma français ?</strong><strong>Cinéma français à la télé : Nonce Paolini, Vincent Maraval et Rémy Pflimlin règlent leurs comptes</strong>

Alexandre Astier

"Je veux fabriquer des films populaires, intelligents, exigeants et qui plairont à tous. Faire du cinéma populaire, ça consiste à se mettre à poil. Traditionnellement, on dit ça du cinéma d?auteur, mais c?est au cinéma populaire que ça devrait s?appliquer. Parce que tenter de réunir dans une même salle les jeunes, les vieux, les familles et les bandes de potes, il n?y a rien de plus effrayant comme challenge. Regarde La Grande Vadrouille. C?était noble. Le problème, aujourd?hui, c?est qu?on est entré dans une période de merde où les gens du marketing expliqueraient à <strong>Gérard Oury </strong>que le IIIe Reich et la guerre, c?est « anxiogène ». On confond « populaire » et « de bonne humeur »."Le créateur de la série Kaamelott adapte avec l'animateur <strong>Louis Clichy </strong> Astérix Le Domaine des Dieux. Sortie prévue le 26 novembre.<strong>Bande-annonce</strong>

Matthieu Delaporte

<em>"Certains films sont plus « faciles » parce qu?ils sont balisés, déjà financés avant même d?être imaginés. Décider de faire un pas de côté, c?est compliqué car le résultat va davantage ressembler à un prototype qu?à quelque chose qui a déjà été fait. Or quand tu vas pitcher ton idée, le premier réflexe de tes interlocuteurs est de la comparer à ce qui existe déjà, de voir où ils peuvent la ranger, avec quel type d?oeuvres, quel type de marketing... À partir du moment où ton film est « différent », tu obliges ceux qui vont te donner de l?argent à faire eux aussi un effort d?imagination."</em>Un illustre inconnu, réalisé par <strong>Matthieu Delaporte</strong>, sortira le 19 novembre. Cliquez ici pour voir sa bande-annonce.

Michel Hazanavicius

<em>"On a l?impression que les gens vont vers ce qu?ils connaissent mais, en même temps, si tu leur donnes ce qu?ils veulent, ils sont déçus... C?est compliqué, mais je ne pense pas qu?il y ait une véritable prime à l?originalité."</em><em> (...)</em>Je peux assumer que ça ne marche pas ou que ce soit raté tant que cette plantade est le résultat de mon travail. (?) On n?est pas si décideurs que ça. J?imagine que quand tu te prends un bide, tu as tendance à revenir vers le centre du marché. Mais tant que tu peux être à la périphérie, c?est nettement plus marrant, là-dessus je pense qu?on est tous d?accord. Au départ, OSS 117 ça faisait aussi un peu flipper tout le monde."The Search, réalisé par <strong>Michel Hazanavicius</strong>, sortira le 26 novembre.<strong>Voir sa bande-annonce</strong><strong>Michel Hazanavicius : "J?ai ressenti la responsabilité d?évoquer le malheur de la population tchétchène, privée de parole"</strong>

Mathieu Kassovitz

"C?est vrai qu?il semble y avoir une volonté de qualité, des gens qui ne se foutent pas des spectateurs. Mais tu sais j?ai toujours gueulé contre le cinéma français. Quand j?avais 15 ans, en 1982, on avait le choix entre Bébel et des films de la vieille Nouvelle Vague qui ne sentaient plus très bon. C?était l?horreur... Ma colère a juste été amplifiée par Twitter. Il était normal que je réagisse comme je l?ai fait. L?Ordre et la Morale n?est pas nominé aux César ? Qu?est-ce qu?il faut en conclure alors ? Que vous ne voulez pas de ce cinéma-là ? Que vous ne voulez plus voir de films politiques et combattants ? On est en France, merde, le pays qui a accueilli Costa-Gavras ! Si vous voulez tuer cette idée du cinéma, alors oui, allez vous faire enculer avec vos films de merde."<strong>Mathieu Kassovitz</strong> est actuellement à l'affiche de Vie Sauvage, puis il sera le héros d'Un illustre inconnu, de <strong>Matthieu Delaporte</strong>, à partir du 19 novembre.<strong>Bande-annonce de Vie Sauvage</strong>

Manuel Alduy

<em>"Le cinéma français a du mal à regarder au-delà de ses petites recettes. Il faudrait une grosse secousse pour que la porte s?ouvre et que l?air entre. L?industrie a eu une petite montée de stress sur la convention collective, mais elle a toujours cette manne des diffuseurs télé qui la soutient et, quoi qu?on en dise, les entrées en salles restent correctes. Pas de secousses, donc pourquoi se bouger ? Le socle est solidement ancré, je ne vois aucune raison pour que ça change."</em>Manuel Alduy a été le directeur des acquisitions cinéma de Canal + de 2005 à janvier 2014.

Thomas Lilti

<em> "Il faut relativiser</em> (le succès d?<em>Hippocrate</em>) parce que les films qui dominent le box-office 2014, c?est Supercondriaque et Lucy. Je n?ai rien contre, mais j?ai quand même la sensation que les spectateurs en ont marre de se faire avoir, d?être pris pour des cons. Ils ont développé une nouvelle forme d?exigence. Je ne dis pas que tout va bien, je dis juste qu?un certain ras-le-bol pousse un peu tout le monde à essayer de nouvelles choses. Et là, le système de financement peut vraiment t?aider."Hippocrate, réalisé par <strong>Thomas Lilti,</strong> a attiré 900 000 spectateurs en France.<strong>Voir sa bande-annonce ici</strong>

Romain Levy

<em>"Une nouvelle génération de cinéastes est arrivée depuis quatre-cinq ans avec son background, sa cinéphilie et ses envies. C?est vrai pour la comédie, mais pas seulement. Au même moment, il y a eu un certain renouvellement des producteurs, et même des financiers. On parle la même langue, on vit sur la même planète culturelle. Ça nous cimente."</em>Le réalisateur de Radiostars a coécrit avec <strong>Manu Payet</strong> le premier film de ce dernier, Situation amoureuse, c'est compliqué. Sortie en mars, cette comédie est à présent disponible en DVD et blu-ray.<strong>Voir sa bande-annonce</strong><strong>La DVDthèque de Romain Levy</strong><strong>Romain Levy : « Faire bouger les lignes du cinéma populaire français »</strong>

C’est un sentiment qui plane ces temps-ci. Une envie de (et du) cinéma français qui contredit le discours ambiant. Parce que si on écoute les analystes de tout poil, ça va mal. Le cinéma français est en crise. Des bides, gros, qui coutent cher. Des chiffres en berne, des salles vides, un système de production en surchauffe, les budgets énormes sur les comptes en banques des stars, mais riquiqui sur l’écran, la tyrannie des chaînes, les films de plus en plus nombreux mais de moins en moins rentables… blablablabla. A longueur de journée, on nous répète que le cinéma français tourne, tourne, tourne, mais plus tout à fait rond…Pourtant, il se passe un truc. Rien que sur cette fin d’année, la sortie d’Hippocrate, des Combattants ou, dans un autre registre, de Samba prouve que des cinéastes, des producteurs, essaient autre chose, veulent secouer le système et ont une nouvelle ambition de cinéma populaire.Il se passe quelque chose, quelque chose de durable, quelque chose qui concerne l’industrie tout entière, sommée de se réinventer. Quelque chose qui pique la curiosité et donne envie d’aller refaire un tour dans le(s) cinéma(s) de France pour voir ce qui s’y joue. Et surtout de poser des questions aux réalisateurs, aux producteurs et aux acteurs qui essaient une nouvelle voie. Moteur… Action !