A l'affiche cette semaine du surréaliste The Lobster, l'acteur nounours adoré chez PTA et Adam McKay raconte ses récentes aventures dans le cinéma arty européen.
Un film italien avec Matteo Garrone (Tale of Tales), un film grec avec Yorgos Lanthimos (The Lobster), un film français avec Thomas Bidegain (Les Cowboys). Qu’est-ce qui se passe, John ? Vous en aviez marre des Etats-Unis ?
Un peu, ouais. Ma carrière est pleine de virages inattendus, de changements de caps, mais celui-ci était mûrement réfléchi. J’avais envie de venir m’amuser chez vous, de changer d’air. On ne peut plus faire de films « adultes » ou subversifs aux USA. La SF, la fantasy, les super-héros, les suites, on ne voit plus que ça là-bas… Je n’ai rien contre un bon pop-corn movie à l’occasion, mais l’horizon semble vraiment bouché ces temps-ci. Il devrait y avoir des quotas, un pourcentage garanti de films « originaux » produits chaque année.
Quelles différences entre un plateau de tournage italien, grec et français ?
Le réalisateur de The Lobster est grec, mais on a tourné le film en Irlande avec un casting international. Ça ressemblait aux Nations-Unies du cinéma, c’était cool. En Italie, c’est le chaos, un bordel monstre, tout le monde met la main à la pâte, le plan de route change en permanence, je me suis retrouvé à déplacer des éléments du décor avec le chef cuistot. Et en France, vous avez cette structure pyramidale, avec le réalisateur tout en haut. Comme il se doit. D’ailleurs, on m’a dit que le droit du réalisateur d’avoir le final cut était garanti par votre Constitution. C’est vrai ou pas ?
Hum… Non, John, je ne crois pas…
Bon. J’ai dû mal comprendre. N’empêche que le respect dont jouissent les réalisateurs chez vous, c’est unique au monde.
Vous venez du cinéma indépendant et…
(nous interrompant) Pas vraiment en fait. J’ai commencé dans des films assez gros.
Mon premier film ! Mon premier voyage en-dehors des USA. Je venais du théâtre, je savais à peine qui était De Palma. Je devais avoir vu Les Incorruptibles, mais ça s’arrêtait là. A la base, j’avais un tout petit rôle dans le film. Un soldat dont le bras se fait déchiqueter dans une explosion. Je tourne ma scène, je reprends l’avion, et j’avais à peine débarqué que la prod’ me rappelle : « Reviens en Thaïlande immédiatement ! » Ils avaient décidé de me confier un rôle plus important.
C’est donc comme ça que tout a commencé…
Oui. Après, il y a eu la rencontre avec Paul Thomas Anderson (avec qui Reilly a tourné Hard Eight, Boogie Nights et Magnolia). Sans doute la plus importante de ma carrière. C’est un natural born filmmaker, l’un des plus grands cinéastes en activité. Mais je ne veux pas donner l’impression que mes films indés sont plus importants que les mainstream. Mes comédies avec Apatow et Will Ferrell, Ricky Bobby roi du circuit, c’est très précieux aussi… Ce sont des films très personnels, j’ai participé à l’écriture, j’ai mis plein de choses intimes là-dedans. En particulier dans Frangins malgré eux.
« T’as touché à ma batterie ? »
Exactement ! C’est ma vie, ça. Les bagarres sur la pelouse, ce genre de trucs… C’était super satisfaisant de voir que ce film totalement chaotique et subversif pouvait être apprécié par une très large audience.
Vous savez que le film est considéré comme un chef-d’œuvre en France ?
Sérieux ? Arrêtez de me faire marcher. Les critiques pensent vraiment ça ?
On n’est pas nombreux mais quand on aime Frangins malgré eux ici, on l’aime vraiment beaucoup…
Bon sang. Ça me la coupe. J’ai toujours su que j’adorais votre pays !
Commentaires