Choix n°1 : Des hommes sans loi, de John Hillcoat, avec Jessica Chastain, Tom Hardy, Guy Pearce...Synopsis : 1931. Au cœur de l’Amérique en pleine prohibition, dans le comté de Franklin en Virginie, État célèbre pour sa production d’alcool de contrebande, les trois frères Bondurant sont des trafiquants notoires. Jack, le plus jeune, ambitieux et impulsif, veut transformer la petite affaire familiale en trafic d’envergure. Il rêve de beaux costumes, d’armes, et espère impressionner la sublime Bertha…Howard, l’aîné, est le bagarreur de la famille. Loyal, son bon sens se dissout régulièrement dans l’alcool qu’il ne sait pas refuser… Forrest, le cadet, fait figure de chef et reste déterminé à protéger sa famille des nouvelles règles qu’impose un nouveau monde économique. Lorsque Maggie débarque fuyant Chicago, il la prend aussi sous sa protection.Seuls contre une police corrompue, une justice arbitraire et des gangsters rivaux, les trois frères écrivent leur légende : une lutte pour rester sur leur propre chemin, au cours de la première grande ruée vers l’or du crime.L'avis de Première : Après The Proposition, un western tourné dans l’outback australien, et La Route, une variation postapocalyptique sur le mythe de la frontière, John Hillcoat continue de flirter avec son fantasme d’Amérique et de traquer son idéal de cinéma US éternel. Mi-western, mi-film de gangsters, Des hommes sans loi est une tranche de classicisme comme on en savoure trop rarement, un film irrigué par l’amour des mythes qu’il dépeint (l’honneur des hors-la-loi, la pastorale sanglante qu’est la vie dans les Appalaches...) et des acteurs qui les incarnent (avec, en tête du casting, un Tom Hardy de nouveau impérial). Décrivant une fratrie qui se croit invincible, cette fresque criminelle semble elle-même à l’épreuve des balles : c’est du cinéma sans date de péremption qu’on regardera avec le même plaisir dans vingt ans, comme un bon vieux Raoul Walsh. Seules ombres au tableau, un scénario bourré d’ellipses frustrantes (comme si le fi lm n’était qu’un épisode d’une vaste saga) et la composition outrancière de Guy Pearce en fédéral visqueux. Des réserves qui ne pèsent pas bien lourd en face de l’assurance majestueuse de l’ensemble, festival réjouissant de gunfights et de bastons d’une sauvagerie parfois inouïe. Quoi qu’il en soit, un film qui se termine par une reprise bluegrass d’un morceau du Velvet Underground est forcément animé d’excellentes intentions.Bande-annonce : Choix n°2 : Camille redouble, de Noémie Lvovsky, avec Noémie Lvovski, Yolande Moreau, Vincent Lacoste...Synopsis : Camille a seize ans lorsqu’elle rencontre Eric. Ils s’aiment passionnément et Camille donne naissance à une fille… 25 ans plus tard : Éric quitte Camille pour une femme plus jeune. Le soir du 31 décembre, Camille se trouve soudain renvoyée dans son passé. Elle a de nouveau seize ans. Elle retrouve ses parents, ses amies, son adolescence… et Eric. Va-t-elle fuir et tenter de changer leur vie à tous deux ? Va-t-elle l’aimer à nouveau alors qu’elle connaît la fin de leur histoire ?Camille redouble a été primé lors de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2012 (Prix SACD)L'avis de Première : Camille redouble pourrait être un remake du Peggy Sue s’est mariée de Coppola. Comme « FFC », Lvovsky filme un bilan existentiel sous la forme d’une ballade sentimentale restituant le parfum d’une époque. Elle y ajoute toutefois un parti pris annoncé par la première scène, lorsqu’un réalisateur tourne une scène d’horreur où tout sonne faux mais qui carbure à l’énergie. À l’image de ce Camille redouble qui, aux effets spéciaux et au fantastique bling-bling, préfère un surréalisme français romantique et intello. Lvovsky est finalement plus proche de Resnais et de Desplechin que de Zemeckis. Et derrière la comédie nostalgique parfois mal ficelée se profile la folie d’une actrice-réalisatrice : du malaise à l’embarras en passant par la provocation (la vision du sexe est culottée), elle ne recule devant rien pour retrouver la liberté adolescente et faire revivre le passé. Cela force un peu l’admiration.Bande-annonce : Choix n°3 : The We and the I, de Michel Gondry, avec Michael Brodie, Teresa Lynn, Laidychen Carrasco Synopsis : C'est la fin de l'année. Les élèves d'un lycée du Bronx grimpent dans le même bus pour un dernier trajet ensemble avant l'été. Le groupe d'adolescents bruyants et exubérants, avec ses bizuteurs, ses victimes, ses amoureux… évolue et se transforme au fur et à mesure que le bus se vide. Les relations deviennent alors plus intimes et nous révèlent les facettes cachées de leur personnalité…L'avis de Première : Après avoir installé son Usine de films amateurs au Centre Pompidou l’an dernier, Michel Gondry poursuit sa petite entreprise de démocratisation de la pratique du cinéma. Ce film est ainsi né de sa rencontre avec les lycéens d’un centre d’activités culturelles du Bronx, qui interprètent plus ou moins leur propre rôle. Le concept est assez joli : un trajet en bus comme prétexte pour passer du portrait de groupe à celui d’une poignée d’individus, du collectif à l’intime, à mesure que les passagers descendent. Mais l’ingéniosité du projet est aussi sa limite. Au départ plein comme un oeuf, saturé d’idées et d’énergie hip-hop, le film, plus fort sur les plans larges que sur les plans rapprochés, perd beaucoup de sa vigueur au fil du parcours. Reste un bel éloge de la communauté et de l’art brut dans la veine de Soyez sympa, rembobinez et Block Party. Gondry continue de se délester de ses effets de signature pour mieux se réinventer en auteur partageur.Bande-annonce : Les autres sorties de la semaine sont ici
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