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Après avoir inventé un genre de fantastique soft qui, à défaut de toucher un véritable public, lui a ouvert les portes des festivals internationaux, Kiyoshi Kurosawa change son fusil d’épaule et revient résolument au réalisme avec ce film, probablement son meilleur, qui devrait mettre tout le monde d’accord. Lorsque tout fout le camp, le film prend brièvement une tournure étrange, marquée par l’apparition, dans un rôle absurde, de Kôji Yakusho, comédien fétiche du cinéaste. La conclusion aurait pu sombrer dans le ridicule. Elle finit par bouleverser, autant par sa signification (la rédemption par l’art) que par la sensibilité de son exécution.
Toutes les critiques de Tokyo Sonata
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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D'ordinaire abonné aux films d'horreur, Kiyoshi Kurosawa explore avec justesse et lucidité l'implosion de la cellule familiale dans un pays prisonnier de ses contradictions. En période de marasme, ce drame du quotidien revêt une importance toute particulière, dévoilant avec pudeur la façon dont les victimes de la crise sont prêtes à tous les sacrifices pour préserver les apparences.
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Dans le cinéma de Kurosawa, les spectres hantent notre réalité. Ce sont les laissés-pour-compte d'une mutation humaine dont ne se mesurent pas encore les causes et les conséquences. L'élégance de la mise en scène, une direction d'acteur qui ne néglige pas une forme d'humour à combustion lente, participe de la construction de cette réalité si subtilement spectrale.
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Dans « Tokyo Sonata », l’ habilité des doigts, ceux d’un petit garçon, ne sert pas à voler, mais comme dans le dernier magnifique et unique plan large dans lequel les protagonistes se retrouvent, elle sert à jouer une sonate au cœur de la grande ville, au cœur de la vie des autres. Quatre êtres du pays du soleil levant, qui se débattent dans un Japon différent, presque bergmanien. Une œuvre grave et originale, celle d’un cinéaste encore trop méconnu du public français.
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Allégorie convaincante d'un Japon ne sachant plus à quel saint se vouer, Tokyo Sonata est pourtant rattrapé par les bouffées délirantes qui plombaient les derniers opus de Kiyoshi Kurosawa (comme Jellyfish). Question de dosage entre rocambolesque et vraisemblance.