Première
Un trio inséparable, des vélos, un village où tout le monde se connaît… Les Trois fantastiques remplit au premier abord toutes les cases du teen movie à la française, social en ayant gardé son « âme d’enfant ». Quelques signes orienteront rapidement le récit vers une ligne plus dure : la dernière usine s’apprête à fermer, le frère de Max sort de prison, la bande n’a pas encore réuni assez d’argent pour que tous partent en vacances ensemble, en dépit des différences de classes sociales. Grâce à son casting bien trouvé (une belle alchimie circule entre les enfants) et particulièrement impliqué (Emmanuelle Bercot et Raphaël Quenard, tout en justesse sans chercher à tirer la couverture), le film croit en son aventure estivale, trouve rapidement son rythme de croisière. s’envole même sur la plupart des scènes filmées à hauteur de gosse, de l’école à la chambre, en passant par leur cabane dans les bois. Mais cette bouffée d’air frais se voit peu à peu rattrapée par les prémices socio-politiques distillées par fines touches jusqu’à présent. Frère d’un délinquant, Max suit « naturellement » cette voie et trempe la bande dans des problèmes qui les dépassent. L’atmosphère tombe brutalement comme un orage d’été, et ce petit village inoffensif se fait alors le théâtre d’un trafic de stupéfiants, d’un violent harcèlement scolaire, d’un règlement de compte… Des Ardennes aux cartels de Mexico il n’y a soudain plus qu’un pas : une singulière et assez emballante manière de faire voyager ses spectateurs !
Nicolas Moreno