-
Pour son premier film en solo après deux coréalisations aux destins contraires (Tout ce qui brilleet Nous York), Géraldine Nakache reste sur un terrain familier et pourtant semé d’embûches : la comédie dramatique, entre rires et larmes, où tout est question de dosage. Mais elle possède le mojo pour éviter les pièges du pathos ou d’une trop grande retenue qui empêcherait l’indispensable empathie avec ses personnages. Elle sait ne jamais avoir peur des émotions, quelles qu’elles soient, et a la foi qu’elles feront mouche car mues par la sincérité de ses personnages. En l’occurrence, ici, deux sœurs que tout oppose (Vali, chanteuse, rêveuse et émotive, et Mina, thérapeute, distante et rationnelle), qui n’ont plus en commun qu’un père aimant (Patrick Timsit, parfait), cherchant à les réunir. Les aléas de la vie lui offriront cette fenêtre de tir : devant lutter contre une grave maladie, il ne peut conduire Vali à son audition pour devenir choriste de Céline Dion. Il demande à Mina de le faire en lui expliquant la raison mais en lui demandant de la taire à sa sœur.J’irai où tu irasraconte cet affrontement entre deux forts tempéraments où l’extériorisation de non-dits sera l’occasion d’arriver enfin à se dire « je t’aime ». Géraldine Nakache y parvient avec une autodérision toujours bien sentie et un humour jamais moqueur. Et malgré une dernière ligne droite un peu trop lacrymale, l’essentiel est ailleurs : dans la capacité de faire un beau film populaire attachant mais jamais mièvre, piquant mais jamais cynique, à l’image du duo facétieux qu’elle forme avec sa « sœur » Leïla Bekhti.