Première
par Sylvestre Picard
Oublié, le design pop en plastique du sous-estimé Ghost Rider de 2007 : en confiant le guidon de Ghost Rider 2 au duo d'excités Brian Taylor et Mark Neveldine (Hyper Tension, Ultimate Game), le studio Marvel Knights (sous-section de la house of ideas déjà responsable de Punisher : War Zone en 2008) voudrait-il créer une troisième voie dans les films de super-héros, entre les blockbusters rutilants (Spider-Man, The Avengers) et la rangée du fond classée "R" (Kick-Ass, Super) qu'il ne s'y serait pas pris autrement. Le script, très classique -en deux mots : le Diable veut se réincarner dans le corps de son fiston-, ne parvient pas à ruiner l'intérêt de Ghost Rider 2, qui est a première vue purement formel : des montées brutales, des accélérations sous acides à la qualité variable qui sont la marque de Neveldine/Taylor et qui ponctuent le métrage comme autant de coups de nitro, faisant tout brûler sur son passage et passant déjà à la séquence suivante. La steadycam file au ras du bitume, un montage sequence nous apprend que Staline et Jerry Springer étaient des corps d'accueil du démon, on voit le Rider uriner des flammes, les pouvoirs d'un bad guy font passer la caméra en mode fish eye, etc. Il est fantastique de penser qu'un film aussi violent visuellement ne se soit vu attribué que le classement PG-13 (interdit aux moins de treize ans) aux Etats-Unis. Surtout quand le film peut se voir comme une illustration de différents états liés aux drogues, notamment son cycle montée/descente -Nicolas Cage, comme possédé, joue Blaze combattant le Rider comme un camé sa dépendance. Exemple extrême : le moment où Blaze, après s'être confessé auprès d'un moine et avoir communié dans une grotte avec une vieille miche de pain et du vin "vieux de 2000 ans", exorcise le Rider au cours d'un bad trip. Reprise de la vieille théorie hippie (relatée entre autres par Philip K. Dick) qui voit le christianisme primitif comme étant issu de la consommation de champignons hallucinogènes dans les grottes de Qumram ? On l'aura compris : série B furieusement frustrée entre ses stimulus hallucinés et le désir de faire le show super-héroïque, Ghost Rider 2 prend le risque de ne plaire à personne. L'effort est à saluer.