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Si l’on excepte une utilisation insistante d’une musique parfois exaspérante, Bright Star est un film de la suggestion, jamais de
l’exposition. La meilleure preuve en est sans aucun doute la manière dont la réalisatrice filme ce qui lie ses deux héros, cette passion charnelle sans la chair. Sans affèteries. La poésie et la littérature sont donc de tous les plans, mais sans fausse joliesse ni effets tape-à-l’oeil. Pourtant, rien ne manque à la reconstitution historique. Ni dans les images de la nature magnifiée ni dans le cheminement de Fanny, véritable héroïne de cette histoire, allant d’un rejet pur de la poésie jusqu’à faire corps avec elle.
Toutes les critiques de Bright Star
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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La spontanéité d'Abbie Cornish et Ben Wishaw apporte un supplément d'âme à cette petite merveille de film, précieuse comme une gemme d'une intense pureté.
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Les plans sont si beaux, si parfaits, emplis de lumière, qu'ils décollent la rétine. (...) Délicatesse, immense poésie, élégance, belle lenteur, pouvoir ensorcelant des mots : allez-y, vous ne serez pas déçus.
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Il faut se laisser aller à partager l'émerveillement de John et Fanny. Ainsi, on partagera mieux la tragédie finale qui convoque tous ces fantômes (la tuberculose, la mort que l'on attrape en marchant sous la pluie), qui ont fait d'abord les chefs-d'oeuvre puis la littérature de gare, et leur rend leur cruauté.
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Le soin porté au détail, l'intelligence de la mise en scène comme la qualité des acteurs, pourtant débutants (l'Australienne Abbie Cornish et son visage buté, le Britannique Ben Whishaw, beau brun ténébreux), donnent aux premières scènes une intensité peu commune. La force du film est de provoquer chez le spectateur une puissante empathie. S'agit-il pour lui, à la vision de Bright Star, d'éprouver les sentiments contrastés, joie puis désespoir intense, des deux protagonistes ? Ou, plus sûrement encore, de se souvenir à travers eux de son propre vécu, des enthousiasmes affectifs et des chagrins passés, de ces moments précieux d'hypersensibilité qui ont semblé décupler son rapport au monde ? Quel spectateur quittera la salle sans rêver de les revivre à nouveau ? Bright Star est un film qui rend irrésistiblement amoureux de l'amour.
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(...) Jane Campion prouve une fois de plus qu'elle est l'une des rares réalisatrices à maîtriser à ce point l'art de la caméra. Et ça vaut tous les poèmes du monde.
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C’est beau, confortable, ça flatte l’œil de celui qui est habitué des musées et familier de la grande peinture. Une perfection et une idée du “beau” pas désagréables mais vaguement ennuyeuses parce que faites et vues mille fois. Au cœur de ce tableau dix-neuviémiste, Abbie Cornish et sa délicieuse fossette à la lèvre supérieure délivre une partition incandescente, déborde l’univers appliqué de la mise en scène. Sous la surface un peu lénifiante du film en costumes pulse une sexualité à triple fond : celle du personnage, de l’actrice et de la réalisatrice. Ce rougeoyant foyer fait toute la saveur d’un film toujours à deux doigts d’être figé par l’académisme.
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Exceptionnellement beau, mais trop long. Emouvant et passionné, mais aussi lent que répétitif. Si Ben Wishaw s'en sort très bien, que dire de la stupéfiante Abbie Cornish qui aurait mérité mille fois le prix d'interprétation féminine à Cannes ? (...) Pour elle et pour la beauté des images, Bright Star mérite le déplacement.
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Toute la puissance de ce drame romantique repose sur les ruptures de rythme. Jane Campion en use et en abuse, dans son script comme dans sa mise en scène. Sur le plan visuel, la réalisatrice de «La Leçon de piano» s'en sort à merveille: coup de foudre filmé sans recul en plans rapides, séquences lointaines qui soulignent la mise à distance vis-à-vis de l'être aimé. Avec leur jeu tout en délicatesse, Abbie Cornish et Ben Whishaw sont également parfaits. On regrettera juste que l'intrigue soit si prévisible dans ses rebondissements. C'est un fait: les poètes romantiques ont une vie amoureuse malheureuse et c'est ce qui les inspire. Ce qui crée de la poésie.
La «bright star» du titre, l'étoile brillante, c'est elle. Mais il faut être une cinéaste hypersensible comme Campion pour lui donner un tel éclat, une telle intensité. -
Lumières, couleurs, costumes et décors : chaque image semble être composée comme un poème somptueux et raffiné.
Revers de la médaille, ce drame sur les chastes et tristes amours de Keats, mort de la tuberculose à 25 ans, prend son temps et dilue parfois le désir dans la joliesse, au risque de susciter chez le spectateur une admiration respectueuse plus qu’une passion bouleversante. -
C'est grâce à la modernité de leur jeu et à la présence de l'Australienne Abbie Cornish que sa mise en scène, pourtant de facture classique, s'affranchit du film estampillé d'époque. Au profit d'une histoire d'amour singulière, où s'entrelacent jalousie et créativité.
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(...) Bright Star se tient. Mais... Où est le problème me direz-vous ? S’il n’y a rien à redire d’un point de vue technique et esthétique, l’émotion est absente. Le nouveau long métrage de Jane Campion est une jolie fable sur l’amour unique et absolu, intense. Alors où sont la passion, la fougue, le désespoir ? L’époque demandait certes une certaine pondération des sentiments extérieurs et n’autorisait pas les effusions extraordinaires (pas en public en tout cas). Bright Star évoque avant tout un amour violent, voire destructeur, ne supportant la distance et la séparation. Or, à l’exception de quelques larmes discrètement versées dans un coin de mouchoir, on ne peut vraiment pas dire que les sentiments soient très prégnants. Pourtant, les poèmes de John Keats à l’attention de sa bien-aimée expriment avec force de conviction la violence de ses sentiments à son égard. La mise en scène très propre se retrouve ainsi en décalage avec le propos.