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Cinéaste discret un peu délaissé par les distributeurs français, Alex Van Warmerdam revient avec son film le plus fort depuis Les Habitants (1995). Il est tentant de le situer dans la tradition du cinéma subversif (Théorème ou Le Charme discret de la bourgeoisie), mais le plus simple est de l’appréhender comme un conte dont l’interprétation est laissée à l’appréciation de chacun. Une piste, suggérée en début de film par une citation d’apparence biblique, donne une vague idée du but de Borgman et des autres intrus (se multiplier) mais leur nature (anges, démons ou extraterrestres) est incertaine. Tels le joueur de flûte de Hamelin, ils entraînent avec eux les enfants et provoquent désirs et frustrations chez les adultes. Si l’absence de mode d’emploi ou d’explication peut laisser perplexe (probablement parce que nous n’avons plus l’habitude d’être invités à penser par nous-mêmes), il est difficile de résister au spectacle étrangement euphorisant de cette cruauté nécessaire.
Toutes les critiques de Borgman
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Il va sans dire que cette œuvre décapante, d’une ironie mordante, ne s’adresse pas à tous les publics. Alex van Warmerdam réussit un film intriguant, qui s’offre à toutes les interprétations possibles à partir d’une réflexion sur le bien, le mal, la violence et les peurs inconscientes. Il peut être intéressant de voir cette œuvre comme une exploration des fantasmes de chute de notre Occident nanti, terrorisé par la crainte de l’envahissement et le « vol » de son avenir.
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En meneur de jeu transfiguré, c’est le cas de le dire, une fois rasé, Jan Bijvoet est un diable sur pattes. Certes, le propos du film n’y va pas par quatre chemins : il faut soigner le mal d’une société quasi parfaite, aryenne jusque dans son apparence, corsetée dans l’ordre et l’hypocrisie, par un autre mal, patiemment dévastateur mais dont on ne sait si les intentions ne sont tout aussi totalitaires. C’est peut-être ce qui a gêné le jury cannois. Sacré film en tout cas.
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Outre la qualité formelle de cette surprenante réjouissance, il y a également le regard acéré d'un metteur en scène sur un monde au bord de l'implosion sociale. Enfin, même pas au bord, d'ailleurs ! Van Warmerdam prend les devants et taille dans le vif. Avec un humour à froid et une poésie macabre propres à cet auteur perché comme on n'en voit pas assez.
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C’est de cette dimension de conte diurne et ensoleillé, où les légendes urbaines voisinent avec les forces primitives de la forêt (avec cette incroyable scène de traque, au début, révélant les caches souterraines où vivent les compères de Borgman), que le film tire son charme si particulier : une sorte d’onirisme à blanc, évaporé, nimbant d’un voile de douceur et de féerie sa chirurgicale mécanique meurtrière.
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Borgman est aussi la chronique de ces nouveaux riches fatalement de gauche, mais pas quand il s’agit de mortifier la bonne d’enfant ou de gloser sur la supériorité naturelle de l’opulence sur la pauvreté. (...) Autant de gouttes d’acidité bienvenues dans un film où on ne les attendait pas.
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Alex van Warmerdam signe un film grinçant et dérangeant, d'une maîtrise formelle impressionnante.
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Ce film délivre un malaise étonnant qui suscite notre compassion.
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Un thriller déloyal, insidieux, drôle par intermittence et plutôt osé.
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Il s'agit de montrer le mal s'insinuant sous les apparences de la normalité. La "banalité du mal" réinventée, après Hanna Arendt ?
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Borgman c’est un peu Sitcom d’Ozon sous acide. De l’or en barre azimuté et un vent de fraîcheur tendance humour noir des plus ravageur.
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En optant pour une fin ouverte et en refusant de clairement expliquer les agissements de Borgman et de sa bande (certains parlent de tueurs à la "Funny Games" de Michael Haneke, on pense plutôt à une secte post-Manson et des dévots du diable ayant pris l'apparence inoffensive d'un "Boudu sauvé des eaux"), Alex Van Warderman travaille le mystère comme l'imagination, et provoque une fascination vivace, pendant et après la projection.
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Alex Van Wardermdam conserve sa propension à la provocation de ses jeunes années tout en démontrant un savoir faire visuel qui confirme que le temps n'a aucune prise sur son talent. La prochaine fois, on espère juste qu'il s'en servira pour de moins vaines démonstrations, même si en l'état Borgman reste une proposition de cinéma plutôt jouissive qui mérite d'être découverte...
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Le film d'Alex van Warmerdam, entre glacis hanekien et farce surréaliste, s'empêtre dans son dispositif monotone et ses visées cryptiques, mais brille régulièrement par ses visions hallucinées.
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Un récit cru et presque mythologique.
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(...) à mesure que le récit progresse, virant au jeu de massacre sardonique, l’effet d’étrangeté s’estompe pour ne plus laisser entrevoir qu’un dispositif mécanique, une démonstration d’originalité criblée d’effets chocs (le running gag des corps jetés au lac) et de symbolisme pesant. C’est la limite de cet exercice de style, une bizarrerie sous cloche trop calculée pour provoquer le moindre trouble.
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Le meilleur de cette comédie stylisée, laconique et noire, où l’absurde rôde, tient à son début qui sait installer une tension rampante en montrant l’emprise grandissante de cet envahisseur impassible et bien mis sur un couple raciste, friqué et en proie à la misère sexuelle. Mais une fois cette partie du programme remplie, Van Warmerdam se met à tourner en rond, tombe dans la répétition et laisse augurer d’une vague de violence qu’il choisit finalement d’esquiver.
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On a la sensation frustrante que les idées ne sont pas suffisamment exploitées et que les blagues caustiques servent à la finalité plutôt qu’au sens.
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Ce thriller néerlandais, à la lisière du fantastique, vaut pour son scénario manipulateur, son atmosphère dérangeante, presque surréaliste, et son humour très noir. Le réalisateur laisse planer le mystère autour de l’identité de Camiel : est-il un fugitif, un escroc, le gourou d’une secte ou un démon ? Moralité : ne jamais faire entrer un inconnu chez soi.
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Sorte de fantasme de la bourgeoisie coincée dans ses codes bon chic bon genre, Borgman dérange et bouscule les habitudes. Quiconque se mettra sur son passage et nuira à ses plans sera éliminé. Violent, cruel, complètement fantaisiste, ce film fait penser à «Funny Games», de Michael Haneke, sans la profondeur. Les scènes de malaise se succèdent, sans réelle pertinence. Le mal est là, on l’a compris. So what?
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À la croisée du théâtre de l’absurde, de la comédie loufoque et du thriller, ce film inclassable confirme la démarche originale de son auteur.
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Un joli conte maléfique qui s'essouffle trop vite.