The Place beyond the Pines de Derek Cianfrance Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du "globe de la mort". Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l'état de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils... Pour subvenir aux besoins de ceux qui désormais sont sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s'échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d'un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s'élever rapidement dans sa hiérarchie gangrénée par la corruption. Quinze ans plus tard, le fils de Luke et celui d'Avery se retrouvent face à face, hantés par un passé mystérieux dont ils sont loin de tout savoir...Avertissement : ce film réserve quelques surprises qui sont plus appréciables si on ne les attend pas. Il vaut donc mieux l’avoir vu avant de lire ce qui suit. Dans ce troisième long métrage, Derek Cianfrance poursuit son exploration de la famille, mais avec une ambition inédite puisqu’il étale sur quinze ans les répercussions d’un événement ne concernant à l'origine que deux personnages. Étendu à l’entourage, le tableau prend des proportions énormes et le cinéaste et son scénariste l'ont découpé en trois chapitres. Au départ, il est impossible de deviner quelle direction va prendre le film tant on est accaparé par l’histoire de Luke, le motard qui se découvre un fils et bascule dans la criminalité pour de mauvaises raisons. Ryan Gosling l’incarne avec son intensité habituelle, même si l'on commence à s’habituer à son registre de dur qui pleure, à la limite du cabotinage façon James Dean. Le changement de ton est brutal lorsqu’un autre père prend le relais (Bradley Cooper), jeune flic tiraillé entre ses idéaux de vertu, la tentation de suivre ses collègues corrompus et les conseils de ses proches, selon lesquels la fin justifie les moyens. Quinze ans plus tard, le troisième acte confronte leurs deux fils. Dane DeHaan, qui évoque un petit frère de Leonardo DiCaprio, éclipse son partenaire, dont le personnage est pourtant d’une belle complexité. Incidemment, ce n’est pas un hasard si l'interprète de ce dernier, Emory Cohen, prend des faux airs de Brando jeune. Il y a une qualité intemporelle dans cette saga qui brasse des thèmes inusables : crime et châtiment, hérédité, fatalité. Cianfrance les inscrit dans une tradition du film noir américain qui cite les années 50 d’Elia Kazan et de Nicholas Ray. Plus près de nous, on pense à Little Odessa et surtout à La nuit nous appartient, pour Eva Mendes et le thème de l’hérédité, mais sans le déterminisme de James Gray, qui montre que, malgré les efforts de la jeune génération pour s’affranchir de la précédente, les flics restent des flics. Cianfrance, lui, cherche davantage à émouvoir, sans y parvenir totalement. À défaut, il excelle à mettre au service des personnages une mécanique narrative compliquée, dont les parties se complètent sans jamais s’opposer. Et si la conclusion paraît un peu faible en regard de l’intensité du début, l’ensemble laisse une impression puissante.The Place beyond the Pines, diffusé à 20h45 sur Ciné+ FrissonLes infiltrés de Martin Scorsese A Boston, pour mettre fin au règne du chef de la pègre irlandaise, la police infiltre son gang avec un bleu, Billy Costigan. Dans le même temps, un dénommé Colin Sullivan intègre l'unité des enquêtes spéciales, chargée d'éliminer le gangster... Or ce dernier est un des hommes de main du caïd chargé de jouer les taupes.Tout le monde perd la tête et Scorsese fait tourner la nôtre avec cet implacable polar rouge sang à l’humour très noir et aux dialogues orduriers, aussi foudroyants qu’une balle en pleine tête. Exercice de style en partie destiné à requinquer le cinéaste au box-office, Les Infiltrés nous plonge néanmoins dans un monde de duplicité et de trahisons, miroir assassin jeté à la face d’une Amérique avariée. Le pire, c’est qu’on en redemande.Les infiltrés, à suivre à 20h45 sur Ciné+ PremierThe Raid de Gareth Evans Membre d'une unité de policiers d'élite, Rama débarque au pied d'un immeuble délabré. Sa mission : capturer le baron de la drogue – un certain Tama – dont c'est le QG. Il s'agit d'un quartier ultra-dangereux où pas un seul policier ne s'est encore aventuré et l'immeuble est devenu un repaire de tueurs, de violeurs et de cambrioleurs en tous genres, bien conscients qu'ils n'y seront jamais inquiétés...Aux petites heures du jour, les policiers s'introduisent dans l'immeuble et s'acheminent peu à peu vers le dernier étage. Mais lorsqu'ils sont repérés par un indic qui en informe Tama, celui-ci ordonne à ses lieutenants de fermer toutes les issues et d'éteindre les lumières. Tandis que les policiers se retrouvent bloqués au 6ème étage, privés de tout moyen de communication avec l'extérieur, Tama mobilise ses hommes pour affronter les intrus. Rama et les autres policiers doivent désormais fouiller chaque appartement pour remplir leur mission et rester en vie.Précédé d’une réputation superlative justifiée, The Raid provoque au moins autant d’excitation qu’Ong-Bak (2004) en son temps, même si leur registre n’est pas comparable. Alors que le film thaïlandais de Prachya Pinkaew reposait presque exclusivement sur les prouesses physiques non truquées de son interprète, Tony Jaa, l’intérêt de The Raid a des sources plus multiples. Il met en scène le pencak silat, un art martial très polyvalent où tous les coups et toutes les armes sont permis, et dont il existe également une version dansée. Le réalisateur du film, Gareth Evans, gallois d’origine mais indonésien d’adoption, a déjà exploité les infinies qualités cinématographiques de ce sport dans son précédent film, Merantau. Ici, Iko Uwais, le même acteur principal (et artiste martial extraordinaire) joue le rôle du héros. Les premières images le montrent priant à côté de sa femme enceinte. Pas de doute, le premier degré est de rigueur ! Cette fois, le pencak silat est mis en valeur avec encore plus de détails et d’efficacité, tout en s’inscrivant dans un récit pas si simple dont les rebondissements inattendus interviennent au coeur même des scènes d’action. Les masques tombent, les véritables motifs de l’intervention sont révélés, les traîtres se dévoilent dans un camp comme dans l’autre, sans jamais ralentir la dynamique. On a pu entendre quelques réserves concernant la durée de certaines séquences, mais à ce degré de virtuosité, mieux vaut trop que pas assez.The Raid, à découvrir à 21h sur Action
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