Nom de naissance Augier
Genre Homme
Avis

Biographie

Auteur de pièces à succès parmi lesquelles : La Ciguë ou Gabrielle , Emile Guillaume Victor Augier grandit dans une famille bourgeoise de Valence, dans la Drôme. A l’âge de huit ans, il s’installe à Paris avec sa famille. Il poursuit ensuite sa scolarité au prestigieux Lycée Henri IV, où il reçoit une éducation rigoureuse. Marchant sur les traces de son père, avocat à la cour de Cassation, il intègre la faculté de Droit pour entrer trois ans plus tard, en tant que clerc chez un avoué. Mais, n’ayant au fond aucun goût pour la magistrature, Emile Augier, dès 1840, se met à écrire des pièces de théâtre, d’abord sans grand succès. En 1844, Augier présente à l’Odéon : La Ciguë . une comédie en deux actes et en vers, (refusée auparavant par le Théâtre Français) qui reçoit une ovation spectaculaire de l’assistance. Première reconnaissance de ses pairs : de nombreux écrivains, des critiques et artistes renommés, à l’instar de Théophile Gautier saluent l’œuvre. Emile Augier devient, en 1848, le bibliothécaire d’Henri d’Orléans, duc d’Aumale, fils de Louis-Philippe 1er, l’un des plus grands bibliophiles de tous les temps, et son ex condisciple de lycée. Mais dès 1848, il participe avec Ponsard, son maître en matière de théâtre, et Reynaud, à la rédaction d’un journal politique, Le Spectateur Républicain. Augier est bien représentatif en cela du nœud gordien qui entremêle le climat politique, social, idéologique et artistique de la France du XIXème siècle. Pour qui veut comprendre cette période féconde en tout point, et l’œuvre d’un Emile Augier, un petit rappel s’impose. Entre 1805 et 1880, le pays subit des bouleversements très importants, et vit dans un bouillonnement d’idées qui suit les rythmes trépidants d’une vie politique en pleine mutation : de l’Empire à la Restauration, de la Monarchie de Juillet à la deuxième Révolution puis la seconde République et le Second Empire…les coups d’états et les gouvernements se succèdent. Et les combats ne sont pas qu’à l’assemblée ou dans les plus hautes sphères de l’Etat, ils sont dans la rue, dans la vie artistique et dans… la Presse.C’est dans les pages des revues et des périodiques qu’apparaissent les nouveautés littéraires, leurs comptes-rendus… et les polémiques entre les différents courants littéraires qui, bien au-delà de joutes oratoires sur la forme, sont des véritables batailles de fond entre les partisans des uns et des autres… Romantiques contre réalistes, royalistes contre républicains. Avec des fluctuations au sein même des différents camps. Balzac, Hugo, Musset, Stendhal, Dumas… tous les grands écrivains, penseurs, hommes de théâtre de cette période, sous le joug d’une conjoncture extraordinaire, s’inscrivent dans cette transposition idéologique de la vie quotidienne dans leur littérature et passent par la presse pour délivrer leurs messages… Augier d’abord anti romantique, à l’image de ses contemporains varie dans ses positions : anticléricale avec : Le fils des Giboyer , défenseur des bonnes mœurs bourgeoises en proie à lutter contre la dépravation du siècle avec L’aventurière, Gabrielle ,Le mariage de l’Olympe, Le joueur de flûte, de républicain avec Maitre Guérin ou La question électorale … pour aller flâner vers la comédie sociale et le vaudeville avec Un beau mariage , Madame Caverlet , Le prix Martin (écrit avec son ami Eugène Labiche)Emile Augier a écrit d’ailleurs plusieurs autres œuvres à quatre mains : l’Habit vert , avec Musset, Sapho un opéra avec Gounod, Les lionnes avec Foussier, La pierre de touche avec Jules Sandeau…Dès 1850, il jouit d’une grande notoriété à la Comédie Française où il a ses entrées. Bien qu’il se soit présenté à plusieurs reprises sans succès, ce n’est qu’en 1857 qu’il obtint le fauteuil n°1 de l’Académie Française. L’année suivante, il est élevé au grade d’Officier de la Légion d’honneur.Cependant, les pièces de théâtre d’Emile Augier ne lui valent pas que des éloges. Ses détracteurs reprochent, en effet, au petit-fils du romancier Guillaume Pigault-Lebrun, son manque d’originalité, la platitude de certains de ses écrits, les incohérences criardes qu’il commet parfois, sans parler des métaphores déplacées dont il a tendance à user.Pour eux, Emile Augier ne serait qu’une pâle copie d’auteurs qu’il admire tels Ponsard, Molière, Victor Hugo ou encore Alexandre Dumas. On lui reproche surtout d’avoir navigué entre des positions de bourgeois démocrate et de républicain qui ne s’assume pas, au gré de ses amitiés entre Thiers, Sainte-Beuve, ou Napoléon III et d’avoir usé un peu trop de l’apologie des bonnes mœurs, frisant la démagogie.Tous, néanmoins, lui reconnaissent de l’audace dans les mots, un style concis et moderne, une habileté à placer des répliques cinglantes qui interpellent le public. Grand collectionneur de pipes en écume de mer, Emile Augier fut nommé sénateur à la demande du Prince Napoléon en 1870, puis élu au Conseil Municipal de Croissy-sur-Seine de 1870 à 1874. Fait extraordinaire, cette commune où il résida plus de quarante ans, donna son nom à une rue, de son vivant, en 1864. A sa mort, le 25 octobre 1889 à Croissy-sur-Seine, Emile Augier laissa derrière lui une longue carrière littéraire et théâtrale avec plus d’une trentaine de pièces, de recueils de poésies etc.Malgré quelques déceptions et des attaques acerbes de certains de ses pairs, Emile Augier fait partie de ces hommes de théâtre qui ont marqué de leur empreinte l’art de la comédie du XIXème siècle.C’est dans cette logique qu’il eut droit, à titre posthume, à une statue colossale de 6 mètres à son effigie en 1897, monument qui ne résista malheureusement pas à l’occupation allemande pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Il reste cependant un boulevard parisien, parallèle à celui de son ami Jules Sandeau, entre Henri Martin et La Muette.