Alors que les deux nouveaux épisodes du western porté par Emily Blunt arrivent ce soir sur Canal+, on vous présente la tête pensante à l’origine de cette mini-série.
"Have you ever danced with the devil by the pale moonlight?" Si cette réplique culte du Batman de Tim Burton vous dit quelque chose, vous n’avez certainement pas oublié l’effrayante figure qui la prononce : celle du Joker, alors qu’il vient de tuer les parents du jeune Bruce Wayne, et qui n’est nul autre qu’Hugo Blick. Un sourire machiavélique jusqu’aux oreilles, une aura menaçante : il incarne bel et bien la version jeune du bouffon cartoonesque de Jack Nicholson. La même année, en 1989, on l’aperçoit en lieutenant allemand dans La Vipère noire, sitcom portée par Rowan Atkinson. Deux ans plus tard, Blick est au casting de Christophe Colomb : La Découverte de John Glen (1992) aux côtés de Marlon Brando. Rapidement mise au tapis, sa carrière d’acteur se résume donc à ces quelques apparitions anecdotiques.
Car depuis maintenant 20 ans, il produit, écrit et réalise ses propres projets, dans un élan de création presque mystique d’un homme qui sublime tout ce qu’il touche. Retour en arrière. De 1997 au début des années 2000, Hugo Blick co-écrit divers mockumentaries qui se font remarquer au Royaume-Uni, mais retombe vite dans l’oubli. Tout commence réellement en 2005, lorsque Blick créer Sensitive Skin, une série mi-comique mi-dramatique (qui aura le droit en 2014 à son remake canadien). Ce format sériel, il en exploite ensuite les moindres recoins avec trois mini-séries d’exception, qui participent à la création de son univers sombre et morose.
Son premier coup de maître, The Shadow Line (2011), raconte l’éprouvante descente aux enfers d’un flic amnésique joué par Chiwetel Ejiofor — qui connaitra le succès avec 2012, Twelve Years a Slave, Seul sur Mars, ou Doctor Strange — "déchiré entre quête de vérité et trouille de découvrir qu’il est le méchant de l’histoire."
Il perpétue ensuite son génie avec The Honourable Woman (2014), une série portée par Maggie Gyllenhaal en héritière d’un marchand d’armes israélien. Un thriller politique virtuose qui nous embarque dans les abysses tourmentés de l’espionnage international sur fond de conflit israélo-palestinien.
Dernière dernière pierre à l’édifice de l’œuvre d’Hugo Blick lui permettant de s’imposer dans le paysage télévisuel britannique, mais aussi la seule disponible sur Netflix : la série Black Earth Rising (2018), dont le récit abouti sur le génocide rwandais est mené par Michaela Coel, qui deviendra la star de la sublime série I may destroy you.
Tout ça nous amène à The English, une série avec laquelle Hugo Blick atteint la maturité, entre songe chimérique et peinture réaliste qui transpire de cruauté. Il y embrasse autant sa violence western que ses moments de poésie pure, pour finalement créer une fable dont la chute heurte son spectateur. "Hugo Blick, l’un des très rares vrais auteurs de séries télé, défie en duel le genre sacré du western," peut-on lire dans le dernier numéro de Première, actuellement en kiosques, où le réalisateur parle des nombreuses inspirations qui ont orienté la réalisation de The English, actuellement diffusée sur Canal+.
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