Le réalisateur Julien Leclercq et le scénariste Hamid Hlioua nous expliquent comment ils ont pensé cette adaptation du thriller survitaminé de 2015, "comme un film de 4 heures en fait..."
Il y a toujours Sami Bouajila. De l'action. Des Dealers. Et surtout des Braqueurs. Mais cette variation Netflix - qui sort ce vendredi 24 septembre sur la plateforme de streaming - n'est pas du tout liée au film de 2015. Le réalisateur, Julien Leclercq, a complètement réinventé son histoire avec le scénariste Hamid Hlioua, à qui l'on doit la très réussie Cannabis (pour Arte). Alors qu'est-ce qui rapproche ce Braqueurs du long métrage d'origine ? Et pourquoi ça n'a rien à voir au bout du compte ? Ils nous expliquent tout.
Braqueurs : la série qui met une claque sur Netflix (critique)Comment est née l'idée de refaire Braqueurs, mais en série ?
Hamid Hlioua : On avait ce souhait d'étendre l'univers. De dessiner un cadre à une série qui aurait l'ADN de Braqueurs. D'emblée, on s'est dit qu'il ne fallait surtout pas essayer de faire la même chose en délayant le film, qui marche très bien sur 1h30. On a cherché à raconter une nouvelle histoire avec la même promesse. Ce triptyque : tension, action, famille. Dans cet ordre-là ou pas. Moi je n'ai pas bossé sur le film, mais l'ambition c'était de monter tous les curseurs : que les dealers deviennent des narco-trafiquants, que la cité de banlieue parisienne devienne la première porte d'entrée de la cocaïne en Europe, avec le port d'Anvers. Et derrière toute cette action, tout ce spectacle, il y a une tragédie familiale...
Un peu comme ce que Gomorra avait très bien réussi à faire... C'était le modèle, c'est ça ?
Exactement. Il y a eu ce film adapté du bouquin, et puis la série qui s'en éloignait. On s'est dit qu'il fallait faire la même chose avec Julien, qui est un metteur en scène unique en France, surtout en ce qui concerne l'action. C'est devenu un vrai spécialiste.
En quoi Gomorra a réussi cette transposition du film à la série ?
Julien Leclercq : le film est très auteur. Très atmosphérique. Dans la série, la première saison est très centrée sur la famille mafieuse, puis on voit toutes les strates de la mafia italienne, sur plusieurs saisons. Et nous, c'est ce qu'on espère faire avec Braqueurs. Arriver dans des dimensions qui sont parallèles au grand banditisme, avec la confrontation de familles, les cercles familiaux qui s’entrechoquent : le cercle des dealers contre celui des braqueurs, contre celui du baby gang. On a des niveaux de banditisme qui sont différents, mais on a toujours les mêmes ressorts, c'est à dire que le talon d'Achille d'un voyou, c'est la famille. J'ai des potes policiers et à chaque fois ils me disent qu'ils guettent la famille, quand ils veulent attraper quelqu'un. Parce qu'à chaque fois, ça paye !
Hamid Hlioua : Et puis pour le spectateur, ça permet de mieux s'identifier. On comprend que c'est le fils de quelqu'un, le frère de quelqu'un, le père de quelqu'un. On a des points communs avec ces voyous. On peut connecter.
Du coup, comment on refait la même chose sans refaire la même chose ?
Julien Leclercq : C'est la même discipline, mais c'est pas le même sport ! Il y a toujours un script, des acteurs, et moi je l'ai tout simplement vécu comme un film de 4 heures. La série fait 6 épisodes de 40 minutes. Le film faisait 1h20. Du coup, on ne raconte pas du tout la même chose. On a pu pousser les arches narratives. Après, je ne pense pas qu'il y aura de confusion avec le film, parce qu'il est sorti il y a 5 ans déjà. Le seul trait d'union, c'est Sami Bouajila. Autour de lui, on a des nouvelles têtes, de nouvelles histoires. On a changé de dimension, d'ampleur, on passe de Paris au port d'Anvers... On n'est plus dans le gramme ou dans le kilo, on est dans la tonne !
Ça a été difficile, justement, de convaincre Sami Bouajila de revenir ?
Non... (silence) C'est mon frère de cinéma ! C'est le quatrième projet qu'on fait ensemble. Je le trouve de plus en plus beau, félin. Je lui ai juste dit : "On va refaire Braqueurs, mais tu va jouer un autre perso." Ça a été très court comme discussion (rires). Il me fait confiance. Et quand Hamid écrivait les dialogues, on pouvait déjà entendre Sami les dire. Ça, c'est un vrai luxe.
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