Mort de Mylène Demongeot : l'actrice de Fantômas et de Camping avait 87 ans
Abaca/Gaumont

Son dernier succès fut Maison de retraite, en début d'année 2022.

Née le 29 septembre 1935 à Nice, Marie-Hélène Demongeot, est devenue célèbre sous son nom de scène Mylène Demongeot, grâce à des rôles dans des comédies populaires, telles que Fantômas ou Camping, mais aussi des drames ambitieux, comme Les Sorcières de Salem et Bonjour Tristesse. Le journaliste Henry-Jean Servat a annoncé sa disparition hier, sur Twitter, à l'âge de 87 ans : "Je suis dévasté d'avoir à faire part de l'envolée au ciel ce jour de Mylène Demongeot, artiste si chérie et si jolie, actrice magnifique, amie adorée de plus de 40 ans, et militante très active de la défense des animaux. Repose en paix. Je t'aime pour toujours." Il ajoute auprès de Midi Libre qu'"elle est décédée à la suite d'une longue maladie". Un cancer du péritoine qu'elle ne cachait pas, puisqu'elle en avait parlé dans France Dimanche en octobre, après avoir montré ses cheveux courts dès 2019 sur Facebook.

D'origine ukrainienne par sa mère, elle passe son enfance à Nice avant de s'installer avec sa famille à Paris à l'âge de 13 ans. C'est donc dans la capitale qu'elle vit son adolescence, période où elle apprend le piano et le théâtre, au Cours Simon, puis auprès de Marie Ventura. Elle décroche sa première apparition dans le film Les Enfants de l'amour de Léonide Moguy, en 1953, et pose en parallèle pour le photographe Henri Coste, duquel elle tombe amoureuse. C'est d'ailleurs grâce à une photo prise par ce dernier qu'elle est repérée par Raymond Rouleau qui l'engage aussitôt pour son film Les Sorcières de Salem (1957).

Si entre temps elle a fait plusieurs figurations ou apparitions au cinéma, c'est bien son rôle d'Abigaïl dans Les Sorcières de Salem qui va lui apporter la notoriété. Aussitôt, elle se met à tourner pour de grands réalisateurs comme Henri Verneuil dans Une manche et la belle (1957), Otto Preminger dans Bonjour Tristesse (1958) ou encore Marc Allegret dans Sois-belle et tais-toi (id.). 1958 c'est également l'année qu'elle choisit pour épouser Henri Coste. Immédiatement comparée à Brigitte Bardot pour sa plastique parfaite et sa blondeur elle décide de donner à sa carrière une trajectoire atypique en s'expatriant en Italie où elle fait sensation dans les films La Bataille de Marathon et Les Garçons, en 1959.

Les Sorcières de Salem, avec aussi Simone Signoret et Yves Montand, est à (re)voir sur Première Max

Du drame à la comédie
Au début des années 1960, elle s'essaye à des rôles plus dramatiques dans les films L'Inassouvie (1960) ou Le cavalier noir (1961) mais malgré de belles performances, le public ne s'y retrouve pas, la préférant dans des registres plus légers comme dans les films Les Trois Mousquetaires - Les Ferrets de la Reine (1961), Les Trois Mousquetaires - La Vengeance de Milady (id.), Copacabana Palace (1962), Doctor in distress (1963) Les Don Juan de la Côté d'Azur (1964) ou encore Cherchez l'idole (1964). A cette époque, André Hunebelle la recrute également pour son film Fantômas dans lequel elle donne la réplique à Louis de Funès et Jean Marais. Elle interprète alors Hélène, une photographe, rôle qu'elle retrouve en 1965 pour Fantômas se déchaîne et en 1967 pour Fantômas contre Scotland Yard. Côté vie privée, elle divorce d'Henri Coste en 1968 et épouse la même année le réalisateur Marc Simenon, fils de l'écrivain Georges Simenon.


 

Demongeot, muse de Simenon
D'ailleurs, à partir des années 1970, elle tourne à plusieurs reprises pour son mari, dans Le Champignon (1970), L'Explosion (1971), Par le sang des autres (1974) et Signé Furax (1981). Il la dirige également pour la télévision, dans Les dossiers de l'agence O (1968), Kick, Raoul, la moto, les jeunes et les autres (1980), Vacances au purgatoire (1992) et Chien et Chat (1995). Durant cette période, elle tourne également pour d'autres réalisateurs comme Denis Heroux dans Quelques arpents de neige (1972) et Quand c'est parti, c'est parti (1973). Le public peut aussi la retrouver à l'affiche des Noces de porcelaine (Roger Coggio - 1974), Il faut vivre dangereusement (Claude Makovski - 1975), La Moto qui tue (Claude Patin - 1977), Surprise Party (Roger Vadim - 1983), Flics de choc (Jean-Pierre Desagnat - 1983) ou encore Tenue de soirée (Bertrand Blier - 1986).

Prendre du recul
La décennie 1990, elle la consacre principalement au théâtre, jouant notamment dans des pièces de Marcel Achard, Oscar Wilde ou Jean Anouilh. Elle passe également à la production en coproduisant les films de son mari Marc Simenon. Malheureusement ce dernier décède en 1999 dans un accident. Les années 2000 marquent son retour sur le grand écran, dans les films Victoire et 36, Quai des Orfèvres, en 2004, puis dans Camping et La Californie, en 2006. En 2007, elle est au générique du film Les Toits de Paris puis deux ans plus tard rejoint la distribution de Tricheuse et d'Oscar et la dame en rose. En 2010, elle tourne Camping 2 et le court métrage Maman ! d’Hélène de Fougerolles, tandis qu'en 2011 elle décroche un rôle dans Si tu meurs, je te tue. En 2012, après être apparue dans les téléfilms La Balade de Lucie et Les Galériens, elle rejoint le tournage du film Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot, en salles en 2013. A cette époque, elle a révélé avoir été victime d'une énorme escroquerie, comme d'autres artistes (Isabelle Adjani, Samy Naceri...) : un conseiller en patrimoine lui a dérobé 2 millions d'euros. Depuis, elle a retrouvé une dernière fois Patrick Chirac pour Camping 3 (2016), et a tourné Sage-femme, de Martin Provost (2017), ainsi que Maison de retraite, l'un des succès français de 2022 : sortie en début d'année, cette comédie avec aussi Kev Adams, Gérard Depardieu, Daniel Prévost, Jean-Luc Bideau et Liliane Rovère a attiré 2 millions de spectateurs dans les salles. Elle est également apparue en 2020 dans la série très populaire Capitaine Marleau.

"Je n’ai pas fait beaucoup de films importants, jugeait-elle auprès de BFMTV en 2017. Vous savez, dans les carrières d’acteur, il y a un ou deux films qui surnagent. J’ai fait 70 films. Parmi ceux-là, il y a Les Sorcières de Salem, Bonjour Tristesse, Les Trois mousquetaires et les Fantômas. Ça fait quatre films sur une carrière." A propos de la trilogie à succès Camping, elle ajoutait : "C'est une bonne comédie populaire, qui met en valeur Franck Dubosc. Le premier avec Lanvin était très bien, le deuxième était déjà un peu moins bien et le troisième est un hommage à Dubosc. C’est très bien pour lui, donc nettement moins pour moi (rires)."