L'adaptation horrifico-rigolote des jeux vidéo a cartonné ce week-end aux Etats-Unis. Décryptage du phénomène.
Bien avant être projetés sur le grand écran, les animatroniques de l’univers de Five Nights at Freddy’s ont connu des temps heureux sur des plateformes de jeux vidéo, comme Steam. Véritables starlettes mises en lumière par les Youtubers, les marionnettes robotisées ont su cultiver la passion d’une communauté au fils des années. La preuve étant, le succès indubitable de l’adaptation cinématographique du premier jeu de la franchise, conçu par Scott Cawthon. Le film, réalisé par Emma Tammi (Terre maudite), a surpassé les attentes aux box-office US du week-end, en empochant 78 millions de dollars en trois jours, pour un budget de 20 millions. Soit le meilleur début pour un film d’horreur, battant alors Scream VI (44$ millions) et La Nonne 2 (32$ millions).
Surprise ! Un film d'horreur inattendu fait exploser le box office US"On dirait des animatroniques glauques"
À l’origine, le concepteur du jeu Five Night’s at Freddy’s, Scott Cawthon, enchaînait les échecs commerciaux. C’est d’ailleurs grâce à la mauvaise pub de ses jeux que Scott Cawthon a eu le déclic. C’est suite au flop de Chipper & Sons Lumber Co, un jeu dédié aux enfants, que Scott a pu s’extirper de sa malédiction. A l’époque, les joueurs n’ont pas manqué d’exprimer tout le malaise que générait les personnages principaux – une famille de castors un brin figée. Le jeu était jugé comme “terrifiant sans le vouloir initialement“. C’est notamment à cette période que le terme “animatronique“ jaillit du clavier d’un internaute disant : “On dirait des animatroniques glauques“.
Après 20 ans d’échec dans le milieu, Scott Cawthon prit les commentaires au pied de la lettre en faisant de ses défauts des qualités. Le concepteur s’est lancé dans un univers bien plus sombre, où il s’agit de survivre à une angoissante nuit dans un jeu point & click (sans déplacement possible). Sous le regard de Steel Whool Studios et Desura, l’objectif du premier jeu est de survivre aux nuits (de minuit à 6 heures du matin) sans se faire tuer par les animatroniques qui s’activent dès la nuit tombée. Il s’agit alors d’éveiller tous ses sens pour vérifier au mieux les portes, les caméras et la gestion de batterie – la concentration est à son comble. De fait, l’issue négative du jeu (survenant sous forme de screamers) ne peut que surprendre le joueur et créer des scènes ubuesques tant le sursaut est grand.
La communauté du sursaut
Ce qui a grandement contribué au succès de la franchise est à toute évidence l’ascension des youtubers à une époque où les amateurs de jeux vidéo étaient très populaires sur la plateforme. Entre 2013 et 2017, de grands youtubers comme Squeezie ou PewDiePie ont influencé la tendance Five Night’s at Freddy’s avec des vidéos possédant des millions voir des dizaines de millions de vues. À cette période, il était de rigueur d’aborder de manière hasardeuse les méandres des jeux d’horreurs indépendants. Au-delà de l’engouement des game play, des vidéos Youtube promulguant des théories sur l’univers FNAF faisaient surface et donnaient lieu à un véritable travail collaboratif initié par les fans de l’univers.
Scott Cawthon a intelligemment glissé des indices dans différents jeux, il suffisait à la communauté de reconstituer le puzzle, à l’image d’une énigme du Père Fouras. En somme, le mystère de l’intrigue fut porté à bout de bras par la communauté, bien décidé à percer le secret qui se cache derrière ces marionnettes assoiffées de sang. La franchise est connue pour la fenêtre créative qu’elle octroie à sa communauté, des fans art ainsi que des groupes de musiques (The Living Tomb Stone et JT Music) s’accaparent le mythe dans des hypothèses subjectives.
Cette tendance des années 2010 a propulsé le phénomène qui n’a pas manqué de marquer par son esthétisme inspiré eighties autant que par le design atypique de ces monstres : des animatroniques qui tendent à l’anthropomorphisme et suggèrent fatalement ce phénomène de vallée de l’étrange. Les exosquelettes ajoutent une dose d’horreur à ces regards qui semblent vous dévisager. Le succès du premier jeu fut tel, que Scott Cawthon n’a pu qu’entrevoir une franchise de jeux vidéo dédiés à l’univers cauchemardesque de ces machines assassines. Il existe pas moins de 10 jeux vidéo (sans compter les dérivés), ainsi que des romans et un merchandising qui a vendu 33,5 millions de pièces à travers le monde en 2023.
En considérant cette passion dévorante, il était logique d’adapter le jeu vidéo en film – un projet attendu depuis des années par les fans. La terrifiante adaptation Universal et Blumhouse est enfin visible, et le public est au rendez-vous : en plus des 78 millions amassés aux Etats-Unis en premier week-end, FNAF a déjà franchi les 100 millions de recettes dans le reste du monde. En France, il sortira le 8 novembre, et voici sa bande-annonce. Même pas peur ?
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