Malgré une entame poussive et des longueurs dans ce récit de près de 3 heures, le réalisateur de La Loi de Téhéran réussit son entrée dans la compétition cannoise.
Un an après le choc La Loi de la Téhéran, l’iranien Saaed Roustayi franchit une nouvelle étape avec son troisième long métrage : sa première sélection dans la compétition cannoise. La Leila de son titre est une femme qui tente envers et contre tout (et tous) de sortir sa famille de la faillite dans laquelle l’a conduite sa bande de frères, magouilleurs à la petite semaine qui échouent dans tout ce qu’ils entreprennent, quasiment sans exception. Elle trouve ainsi la bonne affaire capable de remettre tout ce petit monde à flot et avait tout anticipé sauf le fait que son père va préférer consacrer ses économies à une donation pour le mariage d’un cousin de la famille afin de devenir le patriarche du clan . Un titre honorifique certes mais prestigieux auquel il n’entend renoncer pour rien au monde, quitte à précipiter la ruine des siens.
Inscrit dans un Iran étranglé par une crise économique massive, conséquence des tensions avec les Etats- Unis sur fond de menace nucléaire, Leila et ses frères a tout d’un diesel. Il met du temps, beaucoup de temps, trop de temps à se mettre en place mais une fois cette installation opérée, le film décolle au gré de scènes explosives où aucun de ces personnages n’entend se laisser marcher sur les pieds et céder un pouce de terrain. Il y a du Affreux, sales et méchants dans cette tragédie familiale qui flirte plus souvent qu’à son tour avec la comédie noire et joue avec l’épuisement des spectateurs au fil de scènes où les membres de cette famille montent de plus en plus haut dans les tours, en donnant de plus en plus le sentiment de ne jamais vouloir en descendre. Leila et ses frères ne cherche jamais à se rendre aimable et son aspect en surrégime quasi permanent en fera décrocher certains. Mais au moins Roustayi va au bout de son parti pris façon jeu de massacre des travers d’une société iranienne gangréné par les dérives du patriarcat et des magouilles sans éclat à tous les étages. Le tout servi par un casting impressionnant (pour la plupart déjà à l’affiche de La Loi de Téhéran) qui, sans faire oublier les longueurs inhérentes à cette durée de 2h45, offre de purs moments de bravoure qui restent longtemps en tête une fois sorti de la salle.
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