Le film documentaire sur l'ascension de l’Everest du youtubeur a réuni 310 000 spectateurs en quelques heures.
C'est un phénomène qui dépasse les frontières du web. Le Youtuber Inoxtag est train de conquérir les cinémas après sa conquête de l'Everest. Sorti vendredi dans les salles pour deux jours de projection événement, Kaizen a rassemblé plus de 310 000 spectateurs. Un score fabuleux pour ce documentaire racontant l'aventure du créateur de contenu de 21 ans qui s'est donné pour objectif de gravir l’Everest, après une année de préparation.
Inoxtag fait tellement fort qu'il prend la deuxième place du box-office de la semaine et talonne carrément Tim Burton : Beetlejuice 2 a rassemblé en même temps 460 000 fans en France (environ 570 000 depuis mercredi) et prend les commandes au Comte de Monte-Cristo, qui chute sur la troisième marche du podium.
L'épopée de Pierre Niney marque le pas (-32% de fréquentation) et se contente de 200 000 tickets vendus en 12e semaine, pour un total de 8,2 millions depuis sa sortie en France.
Mais Monte-Cristo est doublé par Inoxtag, qui fait aussi bien mieux que Daniel Auteuil et Le Fil (160 000 spectateurs).
De quoi provoquer une polémique chez les distributeurs, puisque le doc réalisé par Basile Monnot est déjà dispo en ligne, gratuitement, sur la compte YouTube d'Inoxtag. Sa distribution en simultanée dans les salles de cinéma (même pour deux jours seulement) va à l'encontre de la chronologie des médias française (un film qui sort en salle doit attendre 6 mois avant d'être sur Canal +, 17 mois avant d'être sur une plateforme de streaming et 22 mois avant de pouvoir passer sur une chaîne de télé en clair).
Kaizen, distribué par MK2.Alt, a cependant bénéficié d'un visa de sortie événementielle, un visa temporaire accordé par le CNC, qui autorise une projection cinéma sur une courte durée. Sauf que ce visa est normalement limité à un maximum de 500 séances (sur deux jours), alors que Kaizen a bénéficié de 500 salles mais d'un millier de séances (au moins). Le Bloc (Bureau de liaison des organisations du cinéma) dénonce l'infraction et argue que cela a nui aux films programmés en même temps. Une levée de boucliers que ne comprend pas le groupe MK2. Le distributeur de Kaizen s'étonne que le Bloc soit "le premier à s’indigner et appeler à la censure d’une opération aussi joyeuse pour les salles et les spectateurs. C'est une étrangeté idéologique, qui relève d’un conservatisme rétrograde difficilement compréhensible", répond Nathanaël Karmitz, président du directoire du groupe MK2 pour Le Film Français.
Il conclut : "'Il y a chez cette organisation une méconnaissance du contexte précis entourant cette sortie. Le dépassement des 500 séances n’a rien de délibéré et est lié à un phénomène de société, qui a principalement servi les salles art et essai de province, les territoires et les jeunes spectateurs éloignés des grands centres urbains (...) S’indigner du succès d’un événement en salle réunissant un public jeune, qui était jusque-là annoncé comme une grande préoccupation, démontre une profonde déconnexion de ces organisations syndicales avec les réalités de nos métiers et leur changements rapides".
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