Le nouveau film du réalisateur de Gomorra déroule une mécanique aussi puissante que bien réglée.
Dogman est bel et bien une histoire de chien. Son titre dit vraiment tout : un toiletteur de chiens frêle et faible se fait dominer et violenter par un voyou taillé comme armoire à glace. Comment un homme-chien fidèle encaisse, encaisse sans cesse, jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus. Dès son ouverture à froid avec un gros plan de chien en colère, on sait qu'on va en prendre la poire. Le film se place entièrement du point de vue de Marcello, et on prend forcément à corps et à cœur le parti de ce petit bonhomme gentil et généreux qui se fait casser la gueule par l'hyperbrutal Simoncino. Ca va mal finir, et ça finit mal.
Après la jolie fantaisie de Tale of Tales qui a déconcerté la Croisette, Matteo Garrone revient à Cannes avec l'espace qu'on lui connaît, celui de Gomorra et de Reality (deux films, deux prix du jury cannois) la banlieue sinistrée de Naples. Ses grands ensembles HLM plus ou moins en ruines ressemblent aux débris d'un théâtre grec du Péloponnèse, situant le drame dans un ailleurs tragique où l'horizon est un orage. Une tragédie au sens propre du terme : Dogman joue la tension permanente de l'injustice et de la colère rentrée qui tord le bide, jusqu'à l'explosion de violence finale. On en sort sonné, comme si le film avait justement rempli son rôle de catharsis, mais pas vraiment surpris et moins tourneboulé que prévu. Comme toute bonne tragédie cathartique, Dogman déroule un destin tout tracé. Jusqu'à la Palme d'or ?
Présenté en compétition au Festival de Cannes 2018, Dogman sera en salles le 11 juillet prochain. Bande-annonce :
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