Le film de Ryan Coogler a cassé le box-office.
Les estimations publiées en début de semaine étaient encore en dessous de la réalité. Aux dernières nouvelles, Black Panther a donc amassé pas moins de 242 millions de dollars en quatre jours, ce qui en fait le second plus gros succès de tous les temps pour un film sorti lors d’un week-end prolongée, dépassant d’un cheveux Les Derniers Jedi (241 millions). Seul un film a fait mieux aux Etats-Unis, Le Réveil de la Force, avec 288 millions de recettes.
Cette mise à jour modifie également la place de Black Panther au sein des plus grands succès du MCU. Avec 201 millions de dollars en trois jours, le long-métrage de Ryan Coogler a battu tout ses petits copains, à l’exception du premier Avengers (207 millions), et signe donc le meilleur démarrage pour un film solo de Marvel Studios. Eh oui, les Iron Man, Thor et autres Captain America n’ont pas résisté à la puissance du Wakanda.
Dernière comparaison qui tue : Black Panther a déjà rapporté autant d’argent en quatre jours que Justice League sur toute sa carrière en salle. Vertigineux. Un démarrage historique qui pourrait changer la donne pour le futur des blockbusters hollywoodiens.
Black Panther est plus qu'un film (critique sans spoiler)
Black Power
Black Panther est le premier blockbuster doté d’un tel budget (200 millions de dollars) à afficher un casting aussi noir. Et son démarrage montre que le public occidental est aujourd’hui prêt à accueillir un film dont la distribution du film repose presque uniquement sur des acteurs afro-américains ou africains (Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Lupita Nyong’o, Letitia Wright, etc.), en dehors d’Andy Serkis et Martin Freeman.
Car le succès du 18e film du MCU est loin d’être seulement communautaire, nous apprend le THR. Certes, 37% des spectateurs de Black Panther sont afro-américains, contre 15% en moyenne pour un film de super-héros, mais ils sont aussi blancs à 35% et hispaniques à 18%. Get Out, qui avait lui aussi séduit au-delà de sa "cible", l’avait déjà démontré : oui un film avec des minorités peut être un carton au box-office. George Lucas avait galéré 23 ans pour monter le film Red Tails, racontant l’histoire d’un escadron composé de pilotes afro-américains pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ce temps est-il révolu ?
L’adhésion des femmes
Black Panther ne s’est pas contenté de séduire les minorités, il a également rameuté les femmes en masse dans les salles de cinéma. En effet, elles composent 45% du dernier Marvel, contre 35 à 40% pour la moyenne des films de super-héros. Un chiffre qui s’explique probablement par la belle place faite aux femmes, avec pas moins de quatre personnages féminins forts incarnés par Lupita Nyong’o, Angela Bassett, Letitia Wright et Danai Gurira. Jamais une production Marvel n’avait mis autant d’héroïnes en avant. Un second pari gagné pour le film.
Zoom sur les héroïnes "badass" de Black Panther
Super-héros et politique
S’il ne faut pas surestimer la dimension politique de Black Panther, qui reste avant tout un divertissement, on ne peut pas non plus la nier. Ryan Coogler aborde de vraies questions dans son film, qui rejoue l’affrontement entre le militantisme pacifique de Martin Luther King et celui plus musclé de Malcolm X, et c’est rafraichissant à défaut d’être totalement inédit (n’oublions pas les premiers films X-Men…).
Cet aspect de Black Panther explique aussi le succès du film, notamment auprès d’un public qui ne va habituellement pas voir de films de super-héros. Le MCU n’est donc pas condamné à user et abuser de la comédie, comme dans le récent Thor : Ragnarok, il peut aussi proposer des histoires moins fun sans que le box-office s’en ressente. Une bonne nouvelle pour le studio à l’approche de la sortie d’Avengers : Infinity War, annoncé comme sombre.
Un marketing imparable
Finalement, peu importe qu’un film de super-héros joue la carte du fun (Thor : Ragnarok) ou de la gravité (Logan), l’important c’est de bien le vendre. De ce point de vue, la promo de Black Panther est un modèle du genre. Dès le début, Marvel a assumé son parti pris, en misant sur la carte afro sur les premières affiches du film, et n’a pas changé de cap jusqu’à sa sortie. Dans la dernière ligne droite, le film s’est même offert Kendrick Lamar, la grande star du rap conscient, pour piloter sa bande originale. Un gage de crédibilité loin d’être superflu.
Pour couronner le tout, Black Panther est sorti en février, qui est aussi le "Black History Month" aux Etats-Unis, et qui plus est le week-end au All Star Game, qui réunit toutes les étoiles de la Ligue de basket-ball américaine, le sport noir par excellence aux Etats-Unis. Chadwick Boseman était d’ailleurs présent lors du concours de dunk, où le joueur Victor Oladipo (dont les deux parents sont nés en Afrique) a claqué un smash avec un masque de Black Panther sur la tête.
Comme Deadpool en 2015, Black Panther a donc bien profité de sa sortie au cours du mois censé être le plus calme de l’année pour les sorties ciné (juste avant les Oscars). Le film avec Ryan Reynolds détenait d’ailleurs le record du meilleur démarrage de février, avec 150 millions de recettes. Black Panther, qui n’est certes pas R-Rated, vient de lui mettre 90 millions dans la vue…
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