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Dans ce délicieux jeu de quilles sentimental qui évoque les meilleurs marivaudages de Woody Allen, le réalisateur ose tout. Peuplé de personnages aux traits à peine forcés et campés par la crème des acteurs british, le film prend tous les virages – dramatique ou comique, sexy ou intello, sentimental ou trash – sans jamais perdre la route de vue. Avec un charme irrésistible, Frears réussit la parfaite « dramédie » (l’alliance du drame et de la comédie). Mieux : en puisant aux sources de la culture anglo-saxonne (P.G. Wodehouse, David Lodge, Thomas Hardy) et en la trempant dans un bain pop, il signe une comédie frivole qui est aussi un traité des passions humaines. C’est drôle, ironique et parfois carrément vulgaire, mais la manière dont la mélancolie et la vacherie viennent déranger l’ordre comique établi reste le principal tour de force du film. Tous les personnages semblent appelés à devenir le contraire de ce qu’ils paraissent, disent ou croient être. Tous sont condamnés à éprouver de l’insatisfaction, dans leurs désirs frustrés comme dans leurs désirs réalisés. Un film léger et grave dont seul Frears a le secret.
Toutes les critiques de Tamara Drewe
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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A travers des personnages volontairement archétypaux - rocker adulé, écrivain loser ou adolescentes gavées de magazines people -, le réalisateur ironise avec un plaisir évident sur la pop culture contemporaine. Un régal !
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Il ne faut être qu'une collégienne pour le détester. Il ne vous reste plus qu'à entrer dans cette tragédie anglaise à la grecque, cette symphonie pastorale décalée. Vous verrez, Beth est prête à vous accueillir dans son havre de paix. Et vous n'aurez plus envie de quitter Stonefield.
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Les dialogues et les situations relèvent d'abord du vaudeville brillant, au fait des travers de l'époque. Stephen Frears organise cette agitation. Personne ne sait chanter, l'air de rien, comme Stephen Frears, maître de la transparence.
Au fil des séquences, on sent que remontent à la surface les caractéristiques communes à presque tous les films de l'auteur. Comme un liquide qui sourd à la surface du film, l'amertume et la cruauté, la violence, même, viennent déranger l'ordonnancement comique.
Par moments, on dirait que le film est visité par le fantôme de Thomas Hardy, spécialiste en passions rurales et meurtrières. Frears est trop adroit pour laisser ces éléments délétères gâcher l'euphorie des spectateurs. Mais il ne rechigne pas à ruiner la vie de quelques-uns de ses pauvres personnages. -
Constat amer et vitriolé sur la mort du féminisme, le film raconte le retour au pays d'un ex-boudin de la campagne devenue une bombe des médias, et l'excitation qu'elle provoque sur son passage, particulièrement dans la pension d'écrivains ratés qui jouxte sa propriété. Frears sait faire des films, on le sait. De tous les genres. Des comme celui-là aussi. Il est même l'un des derniers.
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Mêlant la comédie romantique déviante, la chronique sociale chabrolienne et le pastiche littéraire, Tamara Drewe est une petite douceur dont il serait idiot de se priver à l'approche de l'été. En cette période de crise et de mornes écrans, il mettra du baume au coeur de certains hommes, ces bêtes aux plaisirs si simples, en relançant la mode du petit short en jean.
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Drôle, pétillante et sexy, royalement porté par une troupe riche en tempéraments, cette variation euphorisante du Théorème de Pasolini, a joliment égayé le dernier Festival de Cannes : quinze minutes d'ovation méritée. Assurément, la comédie de l'été.
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Comme Posy Simmons dans sa BD, Frears, même s'il ne les épargne pas (traîtrises, deuils, jalousie), prend le parti des femmes. Un nez opéré n'équivaut pas à une perte de matière grise, par exemple : indépendante sans être une icône féministe, complexe, Tamara ne correspond en rien au cliché de la bimbo superficielle. Le réalisateur de High Fidelity brocarde les petites lâchetés des hommes (adultère, mensonges), et la vanité des artistes (rock stars, écrivains), en s'armant d'un humour des plus vachards, so british.
Et si ce petit théâtre comique s'achève dans la stupeur, la mélancolie et le drame chez Simmons, Frears choisit lui, au contraire, d'en rire, dans la joie et le grand guignol avec les deux pétillantes adolescentes désœuvrées qui ont semé la zizanie dans le village. Dont l'une, l'hilarante Jessica Barden - retenez bien ce nom - qui vole carrément la vedette à Gemma Arterton avec son rôle de groupie hystérique et mutine. D'un mot : savoureux. -
Entre sourire en coin et tragédie inepte, acerbe sans caricature, Stephen Frears signe ici son Théorème, moins altier que celui de Pasolini, mais il faut l'avouer, plus poilant. Ce film doux-amer n'en demeure pas moins une chronique inspirée et caustique sur la tyrannie de l'apparence et de la réussite, servie par une troupe d'acteurs taillés sur mesure. A commencer par le rôle-titre tenu par Gemma Arterton, jeune actrice rayonnante et prometteuse, qui a su rapprocher pour Frears les antipodes de sa jeune carrière : le chic de Shakespeare (Peines d'amour perdues) et le choc de James Bond (Quantum of Solace). Elle incarne à elle seule l'esprit frappeur de ce film furieusement insolite.
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Ce théâtre des vanités est commenté, façon choeur antique, par deux adolescentes au langage cru (Jessica Barden et Charlotte Christie, révélations d'un casting impeccable). Spectatrices dans le premier acte, Jody et Casey vont devenir des deus ex machina dépassés par leurs initiatives : une belle trouvaille de scénario qui relance le film au moment où le jeu de massacre menaçait de tourner en rond. Les personnages dépassent, alors, leur propre caricature - même le rocker bas du front parvient à se montrer fin psychologue ! Et la comédie de moeurs se diversifie tous azimuts : des poursuites dignes d'un cartoon de Tex Avery, un soupçon de mélo et même... un pastiche de western, quand Frears filme un troupeau de vaches en furie comme une charge de bisons dans Danse avec les loups. Ultime pirouette d'un film stimulant de bout en bout.
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Si l'humeur purement british fait mouche, on émettra tout de même quelques réserves sur le scénario, un brin gnangnan, et sur plusieurs personnages, caricaturaux et peu attachants. En somme, Tamara Drewe, aussi charmant soit-il, se voit et s'oublie en un claquement de cils.
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Stephen Frears signe ici une comédie campagnarde piquante, doublée d’une satire sociale insidieuse. Plumitifs engoncés dans leur fatuité, universitaires frustrés, lesbienne vacharde, couple pseudo écolo, star du rock caricaturale… Tout le monde en prend plein les gencives. Mais qui résisterait au charme sulfureux de Gemma Arterton? A Stonefield, même les animaux de la ferme deviennent chèvres…
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La légèreté de ton et l’inconséquence du récit (énièmes marivaudages entre raisons et sentiments), baignant dans un bain de références littéraires locales, nous offrent le luxe de l’agréable nonchalance. Malgré quelques longueurs sur la fin et des quiproquos un peu tirés par les longs cheveux de l’héroïne, la comédie est à l’image de son actrice, exquise !