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L’été, la plage, le soleil, les parties de foot pieds nus mais aussi la cité, la mère malade, les grands frères qui gagnent de l’argent comme ils peuvent et... la voix de ténor de Pavarotti, que Nour, le plus petit, écoute en boucle. Nour (la révélation Maël Rouin Berrandou), c’est la part sensible d’une fratrie qui mise tout sur le physique. Ce premier long-métrage de Yohan Manca présenté lors du dernier Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard, fait d’abord mine d’explorer schématiquement ce décalage, racontant peu ou prou la revanche du « poète » au pays des brutes. Non pas que ce drame à visée sociale déjoue complétement ce programme (on aura droit au plaidoyer sur la différence de la prof de chant), mais il s’emploie à sortir régulièrement des rangs tel un enfant qui n’en ferait qu’à sa tête. La part d’humanité du film adapté de la pièce de théâtre, Pourquoi mes frères et moi on est parti..., vient souvent de la marge et donc des frères dont chacun incarne une manière de se tenir plus ou moins droit face au monde. Parmi eux, on retiendra Mo (le désormais incontournable Sofiane Khammes), le plus solaire, qui nous gratifie le temps d’une séquence d’un formidable numéro à la Aldo Maccione. Mes frères et moi est aussi et surtout un film d’été, ce moment où la chaleur incite à ralentir la cadence sans pour autant laisser les rancœurs de côté, où le quartier paraît dépeuplé, où l’on grandit sans s’en apercevoir... Au milieu de cet espace à priori cloisonné, Nour est donc le seul qui semble pouvoir s’échapper. C’est bien lui qui fait la différence.