Première
par Thomas Agnelli
Aidan fonce vers la quarantaine, la boule au ventre. Lorsqu’il ne passe pas de casting pour devenir acteur, il doit composer avec sa femme consumée par l’ennui, ses enfants tourmentés, son frère autiste, son père malade... Dix ans ou presque après le final romantique de Garden State, Zach Braff raconte une gueule de bois dans Wish I Was Here en se donnant le mauvais rôle du wannabe Brad Pitt au chômage. Ses deux films racontent le même parcours d’un jeune adulte accordé avec le monde et pourtant absent, effrayé à l’idée de passer à côté de sa vie. À l’instar de l’adulescent de Garden State cueilli par l’amour qu’il n’attendait plus, à deux doigts de faire le mauvais choix et de planter Natalie Portman, le père de famille que Braff incarne dans Wish I Was Here flippe de manquer le rôle qui lui permettra d’incarner un simili-Luke Skywalker dans une superproduction hollywoodienne et donc de trouver son papa derrière le masque de Dark Vador... Lorsque l’horreur de la vie (la maladie, la mort, le spleen) le rattrape, notre héros attend une révélation, s’évade dans des projections mentales ou se console en regardant ses enfants grandir. Pas de doute, Braff séduit avec ce film mignon sur l’espoir, l’éducation et la transmission des rêves, d’autant qu’il a vraiment le chic pour croquer notre époque avec son rabbin hilare devant YouTube ou son geek insultant Miley Cyrus via Twitter. Mais après une si longue absence, il revient par la petite porte en citant A Serious Man des frères Coen à tout bout de champ dans le questionnement de la religion ou en recyclant les codes de la production indie avec son inéluctable morale boy-scout : « Crois en toi et tu deviendras un superhéros pour tes proches.