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Souffrance en France, l’intitulé du livre de Christophe Dejours sur la dégradation des conditions de travail, pourrait être le sous-titre de ce documentaire implacable. Manuela Frésil
enregistre les images terribles labeur des ouvriers dans les grands abattoirs et y superpose, en voix off, les récits de leur fatigue et de leur souffrance. Cette idée de mise en scène permet au spectateur de dépasser la rage provoquée par ces visions infernales pour se mettre à réfléchir. Bien vu.
Toutes les critiques de Entrée du personnel
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Etrangement beau et édifiant.
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Des gestes répétés à l’infini, chaque jour, chaque heure, chaque minute, reconstitués ici sous la forme d’une chorégraphie de la cadence et de la décadence tragiquement surréaliste. Une digression en contrepoint à un travail hyperréaliste sur le cadre et le son, les deux restituant frontalement la violence inouïe des conditions de labeur. Le grand écran amplifie cette violence jusqu’au vertige, donnant à éprouver, sur un plan sensoriel et physique, le quotidien traumatique des employés. Salutaire.
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À travers les histoires individuelles, la réalisatrice montre la réalité sans fard d'un boulot "hard-corps".
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Ce documentaire saisissant évoque les conditions de travail, singulièrement éprouvantes, des ouvriers d’un grand abattoir.
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La force tragique du film de Manuela Frésil évoque souvent les Temps modernes. Sans l’humour bien sûr. Autrement dit le désespoir sans la politesse, parce qu’Entrée du personnel est un documentaire grave, et parce qu’il n’est plus temps d’être poli.
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par La rédaction du canard enchaîné
De ce voyage passionnant et hallucinant on sort légèrement abattu.
Une vision forte et militante du monde ouvrier : l’enfer du travail dans un abattoir.
Ce brûlot documentaire nous fait ressentir, jusque dans les muscles, ce que le travail à la chaîne fait subir au corps humain. On ressort éreintés de ces soixante minutes dans le huis clos terrifiant d'un abattoir industriel, en empathie totale avec les travailleurs.
Plongée en apnée dans les grands abattoirs industriels, Entrée du personnel est un documentaire militant qui ne peut laisser indifférent, et ceci malgré une forme très télévisuelle.
Entretiens rejoués par des comédiens ou les protagonistes eux mêmes et séquences montrant le travail à la chaîne de découpe et d’emballage de la viande dans plusieurs abattoirs industriels dessinent la trame de ce récit de la condition ouvrière. Manuela Frésil a longuement enquêté, puis filmé dans différentes usines avant de construire la forme de ce documentaire où les voix, comme les carcasses d’animaux flottent au dessus des corps.
Si la fluidité de la narration surprend, c'est que cette visite guidée procède en réalité d'un montage scénarisé de témoignages réenregistrés : un dispositif à l'équilibre fragile qui perd en spontanéité tout en donnant à entendre la parole sans jamais la dénaturer.
L'abattage des animaux est la figure de quelques uns des films les plus puissants du cinéma français. Le Sang des bêtes de Georges Franju, bien sûr, mais aussi bien Le Cochon (1970) de Jean Eustache ou encore le terrible Cochon qui s'en dédit (1979) de Jean-Louis Le Tacon. Côté bêtes ou côté hommes, ces films disent uniment la sauvagerie ritualisée d'un acte, la grand bain de sang par lequel communient les créatures de chair sous l'éclat métallique du geste qui donne la mort. Après cette haute poésie, difficile de renouveler le genre. Entrée du personnel, par exemple, y échoue notablement.