Première
par Thomas Agnelli
Un prof découvre un soir, dans un film, un acteur qui est son sosie parfait. Troublé, il enquête sur ce double et se met à imaginer des scénarios, pour lui comme pour son couple. Des années après Donnie Darko, Jake Gyllenhaal s’illustre dans une petite production fantastique apte à devenir culte. Le talent de Denis Villeneuve, c’est de faire en sorte qu’"Enemy" ne se réduise pas à un long épisode de "La Quatrième Dimension". Derrière le ludisme de l’argument et les clins d’œil cinéphiliques (Isabella Rossellini en maman lynchienne), le réalisateur de "Prisoners" sonde le cauchemar éveillé d’un personnage soumis à des phobies (sexuelles, sociales, filiales) et, grâce à deux blondes fatales (Sarah Gadon et Mélanie Laurent), en dit long sur les rapports homme-femme. Le résultat, au rythme étrange, sort à la fin de l’été, comme s’il était honteux. La vérité, c’est qu’"Enemy" n’entre dans aucune case : en bon film mental, il aspire dans son malaise, instille un climat délétère et nous fait partager toutes les visions effrayantes de son protagoniste, d’une araignée géante marchant sur Toronto à la surprise finale à faire hurler d’effroi tous les spectateurs présents dans la salle. Vous êtes prévenus.