Cristin Milioti
HBO Max

Une série d’anticipation angoissante portée par Cristin Milioti, doublée du portrait d’un pervers narcissique, qui démine le terrain par son humour cinglant. Efficace.

Une jeune femme sort d’une trappe au milieu d’un désert. Derrière elle, un éden factice. Un complexe technologique dans lequel elle vivait recluse avec son conjoint, proto Elon Musk, qui savoure ses succès depuis sa tour d’ivoire. Sa dernière création? Une puce électronique pour harmoniser les rapports dans le couple. Harmoniser ou conditionner la femme, pour qu’elle réponde au bon vouloir du mâle alpha qui contrôle la situation et surveille ses moindres faits et gestes ? C'est Made for Love, qui débute ce soir, en France, sur Canal +.



À l’aune des rêves de grandeur des géants de la Silicon Valley, la perspective est terrifiante. Évidemment, on pense d’emblée à Black Mirror, comme au miroir aux alouettes du récent Palm Springs, d’au tant que Cristin Milioti s’est illustrée dans les deux. Dans une structure qui combine passé et présent, pour mesurer combien la situation a vrillé, Made for Love dresse un portrait féroce de la masculinité toxique. Alors, pour détendre l’atmosphère, la série s’en remet à des traits d’humour caustique, inattendus, allant parfois jusqu’au slapstick. Car, quand la femme-objet, monitorée façon Truman Show, se lance dans cette croisade libératrice pour reprendre le contrôle sur l’homme et la machine, le rapport de force s’inverse. La série, et son héroïne, brocarde les faux-semblants, la daily routine déconnectée et la mégalomanie rampante de l’entrepreneur (Billy Magnussen, crispant). Jusqu’à tourner magnifiquement en dérision l’obsession technologique et ses extrêmes. De quoi donner des sueurs froides aux gourous de la tech. Qui flippe maintenant ?