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Nouvelle polémique pour la Ciccone qui remercie Leni Riefenstal et John Galliano au générique de W.E. Mais est-ce si grave ?    Elle n’avait vraiment pas besoin de ça. W.E., le film de Madonna qui raconte l’histoire d’amour entre le roi Edouard VIII et Wallis Simpson, s’est fait massacrer par la critique vendredi lors de sa présentation à Venise. Mais ce week end, quelques médias américains revenaient de nouveau sur le film. Et par un biais plus gênant que la qualité de la mise en scène.  L’ex reine de la provoc s’est pris un sérieux coup dans les rotules. Visiblement plus intéressant que le film, le générique a retenu l’attention de quelques journalistes américains : parmi les 120 remerciements de la Madonne, des petits malins ont remarqué les noms de “John Galliano” et de “Leni Reifenstahl” (orthographié avec une belle faute). Du coup, le Daily Mail se demandait pourquoi Madonna avait besoin de remercier “une propagandiste nazie et un adorateur d’Hitler” à la fin de son film. Et le site Vulture répondait en soulignant les drôles de faiblesses historiques du film. W.E. n’évoque jamais les sympathies fascistes du Duc et de la Duchesse de Windsor. On sait que Edward VIII avait rencontré Hitler en 37, rencontre au cours de laquelle il avait effectué le salut nazi; on sait que son abdication avait été un coup dur pour l’hitlérisme; on sait que Wallis Simpson avait maintenu des contacts réguliers avec Ribbentropp pendant des années... Alors ? Mémoire sélective de la Ciccone ? Ou bien Madonna aurait-elle un “problème juif” comme le titrait Vulture ? Tout cela est un peu court. D’abord parce que si on demande ses diplômes d’histoire à W.E., on ne l’a jamais fait pour Le Discours d’un roi, qui, sur un sujet adjacent, laissait dans l’ombre ces mêmes faits (et restait aussi lisse sur le plan historique). Les Oscars, les acteurs légitimes et l'ambition du film de Tom Hooper lui avaient permis de faire l'impasse sur ce débat-là ou de l’évacuer très vite. Un peu court également parce que ces noms ne sont pas forcément là pour de “mauvaises raisons”. C’est clair : Riefenstahl a été l’égérie des nazis, la star de la mise en scène national socialiste. Pour résumer sa vie, Antoine de Baecque avait trouvé une bonne formule : “100 ans de travelling sans morale”. Il n’empêche qu’elle reste une cinéaste imposante, éditée chez Criterion (la Pleiade de l’édition numérique) et hommagiée un peu partout. Pareil pour Galliano qui, avant de clamer son amour pour Hitler, ivre dans un bar du Marais, fut l’un des grands génies de la mode.Finalement, ce que ces remerciements traduisent vraisemblablement, c’est plutôt la légèreté de la “cinéaste” (aussi coupable soit-elle). Son manque de clairvoyance et, semble-t-il, de vision.