Echange avec le réalisateur nippon de ce premier long d’animation mettant en scène deux ados et un mystérieux tunnel qui permet d’exaucer leurs vœux tout en leur faisant perdre des années de vie.
Qu’est ce qui vous a donné envie de faire de l’animation ?
Tomohisa Taguchi : Pour tout vous dire, au départ, je n’avais vraiment pas l'intention de travailler dans l'animation. J'espérais simplement pouvoir intégrer le milieu du cinéma mais en faisant de la prise de vue réelle. Et puis j’ai commencé à chercher du boulot et j’ai fait totalement chou blanc dans ce domaine- là. A ce moment, j'étais encore à la fac au Japon, où il existaiit des possibilités de chercher du travail dans le cadre de ses études. J’y ai repéré des propositions pour travailler dans le milieu de l'animation et plus particulièrement une annonce qui stipulait qu'on pouvait faire de la mise en scène dans l'animation, mettre en scène des images. C’est comme si quelque chose s’ouvrait devant moi auquel je n’avais pas pensé jusque là. Ca m’a incité à répondre à cette annonce et a quelque part changé ma vie.
Quels sont vos films d'animation de chevet ?
C'est une question à laquelle il m’est toujours difficile de répondre car j’ai vraiment du mal à faire des choix. Mais, si on parle d’animation japonaise, je dirai la série des Doraemon. Pour sa manière, par son découpage, par sa réalisation de divertir non seulement les enfants mais aussi les adultes. C'est vraiment une série d'animation pour laquelle j'ai beaucoup d'affection.
Qu’est- ce qui vous a donné envie de porter à l’écran Tunnel to summer, le light novel de Mei Hachimoku ?
Ce qui m'a beaucoup plu au départ, c'est qu’il s’agit à mes yeux d’abord et avant tout d’une histoire d'amour couplée à ce qu’on peut ressentir à la perte d’un être cher. Voilà pourquoi, quand on est venu me proposer cette adaptation, j’ai tout de suite vu son immense potentiel à être mis en images
Quels sont les grands changements que vous avez apportés par rapport à l'œuvre originale ?
Les événements principaux qu'on trouve dans le light novel de Mei Hachimoku se retrouvent dans mon film. La plus grande liberté que j'ai prise se situe au niveau de la relation entre les deux personnages principaux. La scène de leur rencontre a, par exemple, été créée spécialement pour le film. Chez Mei Hachimoku, on s'attarde aussi beaucoup plus sur les personnages secondaires. J’ai choisi moi de recentrer l’intrigue sur les deux personnages principaux.
Quel a été votre plus grand défi avec ce film ?
Porter pour la première fois les deux casquettes de réalisateur et de scénariste. J’ai ressenti la force de l’enjeu et la responsabilité qui allait avec. D’autant plus qu’il y avait aussi ici un enjeu technique dans la fabrication, pour réussir la combinaison entre 2D et 3D.
Aviez- vous des films en tête, animation ou autres comme source d'inspiration de votre travail ?
Interstellar de Christopher Nolan. Un film que j’ai évoqué avec mon équipe dès que j’ai décidé de concevoir cette adaptation. J'avais très envie de faire un film qui laisserait comme lui une large place au silence et à plans sublimes. Mais je pourrais aussi citer les films de Tarkovski que j’admire dont j’ai essayé de distiller un peu de son univers à Tunnel to summer. Car à mes yeux, je n’ai pas réalisé un pur film de science- fiction mais un film de l’ordre du mystérieux, de l’étrange en jouant avec une forme de légende urbaine, ce tunnel capable de réaliser vos vœux si vous acceptez de perdre quelques années de vie.
Tunnel to summer. De Tomohisa Taguchi. Durée : 1h24. Sorti le 5 juin 2024
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