Affiches sorties de film mercredi 12 octobre 2022
Ad Vitam/ Pathé/ Warner

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
L’INNOCENT ★★★★☆

De Louis Garrel

L’essentiel

Un bijou d’espièglerie, de finesse et de classe. Louis Garrel s’essaie à la comédie de braquage et signe son meilleur film à ce jour

Inspiré par sa mère Brigitte Sy qui, au fil des cours de théâtre qu’elle donnait en prison, est tombée sous le charme d’un détenu qui est devenu son compagnon, Louis Garrel donne ici naissance à un récit loufoque en diable où le fiston (Garrel lui- même) de cette maman rebelle (Anouk Grinberg) craint pour sa sécurité et commence à espionner en douce avec sa meilleure amie (Noémie Merlant) – et forcément maladroitement – ce petit voyou jurant avoir raccroché (Roschdy Zem). Sans se douter que cette rencontre avec son nouveau beau- père va profondément changer sa vie. L’Innocent est un film irrésistible d’espièglerie, d’intelligence et de classe où, alors que rien n’est vraisemblable, on a envie de croire à tout. Grâce à un scénario virtuose (mêlant comédie, romantisme, et film de casse), une mise en scène enlevée, un casting épatant et une BO aux petits oignons célébrant la variété comme art majeur. C’est vraiment bon de rire parfois !

Thierry Cheze

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LES HARKIS ★★★★☆

De Philippe Faucon

Il est toujours compliqué de s’attaquer à un sujet toujours aussi violent que la guerre d’Algérie. Mais est-ce qu’au fond ce sujet n’affleure pas dans presque toute la filmo de Philippe Faucon, cinéaste des combats clandestins que rejouent sans cesse les mémoires et les identités qui s’était déjà frotté à la chose avec La Trahison en 2006. Ici, quand Les Harkis commence, quatre ans de guerre sont déjà passés et Faucon travaille un grand récit plus vaste dans l’ellipse, en comprimant le temps long dans un format ultra court pour un résultat impressionnant. Par sa pédagogie mais surtout par sa colère, qui anime tout ce qui se passe à l’écran. Celle des forces coloniales et des Harkis trahis par elles, un peu comme si Faucon avait réussi à canaliser et comprimer la puissance vénère des Indigènes de Bouchareb en le débarrassant des facilités du film de guerre. Une œuvre majeure.

Sylvestre Picard

BUTTERFLY VISION ★★★★☆

De Maksym Nakonechnyi

Un film ukrainien traitant de la guerre du Donbass et ses dommages collatéraux… Butterfly vision n’est évidemment pas aperçu lors de sa présentation à Cannes. Et le fait qu’il ne figure pas au palmarès d’Un Certain Regard laisse circonspect tant Maksym Nakonechny signe une œuvre aussi remarquable sur le fond que sur la forme. On y suit une militaire ukrainienne (Rita Burkovska, exceptionnelle), spécialiste en reconnaissance aérienne, de retour, enceinte, auprès des siens après plusieurs mois passés en prison dans le Donbass où elle a été violée par des soldats russes. Butterfly vision raconte la difficile reconstruction de cette femme résiliente qui refuse le statut de victime alors que chacun autour d’elle, à commencer par son compagnon furieux qu’elle veuille garder son enfant, semble mieux savoir qu’elle ce qu’elle à faire et lui fait la leçon. Ce portrait de femme, traversé régulièrement par les visions cauchemardesques de la tragédie qu’elle a vécue – représentées comme par des bugs d’images, contrastant à dessein avec l’ambiance naturaliste du récit – séduit par sa complexité, par la volonté de ne jamais chercher à justifier ses comportements ou ses décisions parfois déstabilisantes. On passe ces 107 minutes comme en apnée dans un climat de tension étouffante. Un geste puissant.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE A AIME

JACK MIMOUN ET LES SECRETS DE VAL VERDE ★★★☆☆

De Ludovic Colbeau Justin et Malikk Bentalah

Sur l’échelle de la comédie d’aventure à la française, le présent spécimen se situe à équidistance des Naufragés de l’île de la Tortue de Jacques Rozier et du Boulet. Passons ici sur le postulat de départ qui voudrait forcément que l’anti-héros de service (Malik Bentalha) soit un beauf en puissance incapable de ne bouger le petit doigt autrement qu’à l’appel du pied d’une jolie jeune femme (Joséphine Japy). Jack Minoun est donc un faux aventurier de l’extrême qui bidonne ses reportages. Il se retrouve bientôt, presque malgré lui, sur une île dangereuse à la recherche d’un trésor pirate. L’Indiana Jones de pacotille pourra compter sur sa jeune acolyte, orpheline d’un père idéalisé et deux sbires balourds qui valent à eux seuls le déplacement : Jérôme Commandeur et François Damiens, à l’efficacité comique redoutable. Jack Mimoun assure un dépaysement total sans rutilance excessive et une dynamique générale dépourvue temps mort. La fine équipe laisse entrevoir, in fine, une suite possible. On ne dit pas non bien-sûr.

Thomas Baurez

Lire la critique en intégralité

LE PETIT NICOLAS- QU’EST-CE QU’ON ATTEND POUR ÊTRE HEUREUX ? ★★★☆☆

De Benjamin Massoubre et Amandine Fredon

Plus de 200 histoires au fil de huit recueils entre 1958 et 1965, trois longs métrages, une série animée… On pourrait croire Le Petit Nicolas, n’avoir plus rien à nous raconter par écran interposé… Jusqu’à ce que surgisse ce premier long animé d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre, acclamé à Cannes puis à Annecy. Une nouvelle histoire du Petit Nicolas ? Oui et non. Plus précisément, le récit de sa création et de la vie, des secrets, des traumas d’enfance de ses créateurs, le majestueux duo René Gosciny- Jean- Jacques Sempé à travers un dialogue avec leur jeune héros, le tout entrecoupé par quelques- unes de ses histoires courtes. Alain Chabat et Laurent Laffite prêtent leurs voix à Gosciny et Sempé, dans une composition toute en finesse où ils s’effacent derrière leurs personnages et un récit qui n’enferme jamais la nostalgie dans du formol. Le Petit Nicolas… vous fait certes monter les larmes aux yeux et encore plus avec la disparition récente de Sempé mais le film pétille aussi de leur complicité et de cette joie de vivre qui unissaient ses créateurs.

Thierry Cheze

Lire la critique en intégralité

SAMOURAÏ ACADEMY ★★★☆☆

De Rob Minkoff, Mark Koetsier et Chris Bailey

C’est l’histoire d’un chien enjoué au rêve en apparence inaccessible : devenir un samouraï dans un monde où ce privilège n’est réservé qu’aux chats ! Mais c’est surtout le retour à l’écriture à 96 ans d’un Mel Brooks qui déploie tout son génie facétieux dans cette version revue, corrigée et animée du Shériff est en prison (clin d’œil à sa scène emblématique du pet comprise). Dans ce feu d’artifice permanent de vannes, toutes ne font pas mouche mais elles entraînent le récit, très loin du gentillet film pour enfants et les adultes – et plus encore les connaisseurs travail de Brooks – prendront un plaisir fou devant cette guerre chiens- chats (parabole pour parler racisme) sur fond de combats d’arts martiaux. On n’atteint pas la corrosivité trash de l’indépassable Sausage party mais tout le sous- texte des dialogues et des situations s’en approche souvent.

Thierry Cheze

AYA ★★★☆☆

De Simon Coulibaly Gillard

La mer s’avance et engloutit peu à peu un village d’une presqu’ile de Côte d’Ivoire. Face à cette eau qui jadis apportait des richesses à la population et soudain reprend tout, que faire ? Aya, une ado frondeuse, décide de rester. La mise en scène filme avec force et sensualité son monde extérieur et intérieur. La dimension documentaire, elle, agit autant comme un supplément d’âme qu’un rappel à l’ordre : ce qui se joue là n’a rien d’un fantasme de cinéaste.

Thomas Baurez

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

UN BON DEBUT ★★☆☆☆

De Agnès et Xabi Molia

Le parti-pris est simple, et intrigant : filmer, une année durant, une petite classe d’élèves en décrochage, rattrapés juste avant la chute – fatale ? – par une école d’un nouveau genre, du nom de Starter. Un concept unique en France, situé à Grenoble, aux accents très « start up nation ». Les quinze adolescents, en classe de troisième, tentent de raccrocher le wagon, accompagnés par un prof super-héroïque, un Pascal le grand frère version soft. Voir les élèves s’exprimer, regretter quelques errances, écouter, se relever, mûrir et tracer leur sillon est émouvant, rafraîchissant même. On les suit tantôt en cours, tantôt avec leurs géniteurs, leur proviseur ou leur maître de stage, souvent filmés en gros plans, à fleur de peau. Les scènes sont variées, les protagonistes aussi. Peut-être un peu trop. Et on se perd parfois dans cette galerie de portraits, beaux, mais un brin évasifs.  

Estelle Aubin

AZOR ★★☆☆☆

De Andréas Fontana 

Ce premier long met en scène un banquier genevois qui, après la disparition mystérieuse de son associé, part dans une Argentine en pleine dictature le remplacer auprès de ses contacts. Le film épouse l’obsession du secret qui lie ses protagonistes mais si on se laisse embarquer par son atmosphère intrigante et feutrée, il se trouve peu à peu abîmé par une cérébralité mal domptée et un sentiment d’artificialité qui rend sa dernière ligne frustrante.

Thierry Cheze

PENELOPE MON AMOUR ★★☆☆☆

De Claire Doyon 

« Ma fille Penelope est devenue ma mission », murmure la mère, au milieu de ce doc. Quatre mots, une vie. Deux vies même, celles d’une maman et de sa fillette. Une mère qui raconte l’enfance de sa petite autiste et son combat pour la « guérir de cette maladie monstrueuse ». Du choc du diagnostic, aux rendez-vous médicaux incongrus, en passant par les doutes, angoisses, rêves farouches de la mère. En ressort un film, épique par moments, assurément sentimental. 

Estelle Aubin

 

PREMIÈRE N’A PAS DU TOUT AIME

SIMONE- LE VOYAGE DU SIECLE ☆☆☆☆☆

De Olivier Dahan

Mise en scène pompière, impudique et grossière, valorisation à outrance du personnage principal… Dahan à jamais associé au délirant succès de La Môme semble devenu le parfait client pour enrober sur commande des meringues à vocation hagiographique. Il semble que l’idée de ce « Simone » lui ait été soufflée par Elsa Zylberstein sentant sûrement le vent des César tourner autour des cadavres ainsi ressuscités. Après Grace de Monaco, voici donc ce Voyage du siècle qui déborde de partout et qui, à vouloir tout montrer (même l’horreur des camps en steady-cam !) ne montre rien, sinon le masque d’une femme au destin exceptionnel et contrarié. Simone Veil aurait mérité d’être envisagée à sa (de)mesure : complexe et insaisissable. Passons.

Thomas Baurez

Lire la critique en intégralité

Et aussi

Grosse colère & fantaisies, programme de courts métrage d’animation

Halloween ends de David Gordon Green

Temps morts de Vincent Dieutre

Les reprises

Les Années de plomb de Margarethe von Trotta

L’Annonce faite à Marie, de Margarethe von Trotta

D’égal à égal, de Evi Goldbrünner et Joachim Dollhopf

L’Honneur perdu de Katharina Blum, de Margarethe von Trotta

La Revanche des humanoïdes, de Albert Barillé

Rosa Luxembourg, de Margarethe von Trotta

Le Second éveil, de Margarethe von Trotta