Ce qu’il faut voir en salles
L’ÉVÉNEMENT
KUNG FU PANDA 4 ★★★☆☆
De Mike Mitchell
L’essentiel
Retour du panda bagarreur dans un opus traversé en sourdine par une interrogation sur le temps qui passe… Marrant, véloce, efficace : du travail de Po.
Huit ans se sont écoulés depuis Kung Fu Panda 3. Le temps file. D’ailleurs, Maître Shifu annonce qu’il est temps pour Po, le panda expert ès-kung-fu, de céder à quelqu’un d’autre son titre de « Guerrier Dragon » et d’envisager une reconversion en chef spirituel de la Vallée de la Paix. Mais Po, héros encore immature malgré les années au compteur, peut-il s’assagir, lui qui n’aime rien tant que botter des fesses entre deux dégustations de raviolis ? Le quatrième opus de cette franchise qui carbure aux intrigues génériques et aux bons moments vite oubliés, est rempli de péripéties rigolotes, de combats virtuoses et de vannes débitées avec entrain par un casting vocal grand style. La série des Kung Fu Panda n’aura peut-être pas engendré de très grands films, mais force est d’admettre qu’à force de persévérance, Po a gagné ses galons de vrai héros de cinéma.
Frédéric Foubert
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A BEAUCOUP AIME
LOS DELINCUENTES ★★★★☆
De Rodrigo Moreno
Morán, employé de banque sans histoire, décide un beau jour de voler une grosse somme d’argent dans le coffre de son lieu de travail. Son plan ? Après avoir purgé une courte peine de prison, Morán pourra profiter de l’argent caché au préalable par son collègue Roman, homme discret qui sait se faire oublier. De ce postulat délirant, Rodrigo Moreno contourne le film de casse pour se pencher sur les conséquences d’un acte aussi démesuré, préférant ignorer la bêtise du geste afin de mieux se concentrer sur ses exécutants. Le motif du braquage devient alors un formidable prétexte pour parler de l’hypocrisie d’hommes obnubilés par l’argent, qui n’hésitent pas à changer de personnalité afin d’assouvir leur soif de virilité. Grâce à sa durée fleuve, Moreno prend le temps de dérouler son truculent récit, enchaîne les twists, et impose un parfum burlesque qui n’est pas sans rappeler le cinéma des frères Coen. Un bonheur.
Yohan Haddad
PREMIÈRE A AIME
PAS DE VAGUES ★★★☆☆
De Teddy Lussi- Modeste
Teddy Lussi- Modeste cherche ici à raconter la complexité de situations trop souvent racontées de manière manichéenne. En l’occurrence une situation qu’il a vécue comme enseignant (en en étant blanchi) : une collégienne accusant de harcèlement un de ses profs. Et plus que la vérité sur ce qui s’est réellement passé, Pas de vagues insiste sur la notion de perception des choses. Il montre comment la jeune Leslie a réellement cru à ce harcèlement parce qu’à trop vouloir être proche de ses élèves et cool, son prof (François Civil, remarquable) a créé - involontairement – de la compétition entre eux et le sentiment d’en délaisser certains. Et ce tout en décrivant comment sa hiérarchie va l’abandonner par peur du quand dira t’on. Dans notre monde dopé aux faits divers où toute tentative parole équilibrée est balayée par la course au buzz, Pas de vagues apporte un contrepoids essentiel.
Thierry Cheze
Lire la critique en intégralitéL’AFFAIRE ABEL TREM ★★★☆☆
De Gabor Reisz
Tout commence par un bobard. Celui que va naïvement un lycéen pour justifier son échec au baccalauréat d’histoire, sans se rendre compte qu’il vient d’activer une réaction en chaîne. Car en expliquant à son père nationaliste qu’il en a été injustement recalé par son professeur libéral car il portait une cocarde, le jeune homme dépassé par les événements va déclencher un virulent scandale médiatique. De là, Gábor Reisz s’amuse. En déclinant l'histoire sur trois points de vue différents (Abel, le père, l’enseignant) et en jouant avec l’ambiguïté, le réalisateur prend un malin plaisir à piéger le spectateur et son film se révèle particulièrement sagace dans son évocation des dérives du colportage de rumeurs.
Lucie Chiquer
JOUR DE MERDE ★★★☆☆
De Kevin T. Landry
Harcelée par son ex-mari toxique, rabaissée par sa boss et accompagnée par son gosse insupportable, Maude doit se rendre en plein milieu de la forêt québécoise pour apporter 7,5 millions de dollar à Gaétan Dubois, gagnant du loto, et l’interviewer. A bout de nerf et noyée par les obligations, elle se confronte à un homme déconnecté de la réalité. Ce qui devait être un rapide aller-retour se transforme en une journée interminable lorsque l’heureux bénéficiaire se révèle être aussi étrange que déconcertant. Après une vingtaine de court-métrages, Kevin T. Landry signe pour son premier long un thriller en huis clos aux airs de comédie qui témoigne de son expérience pour le montage et la direction d’acteurs. En jouant sur un humour façonné par son rythme, Jour de merde est dominé par une violence froide mais toujours en retenue : comme un ras le bol au bord de l’explosion.
Bastien Assié
APOLONIA, APOLONIA ★★★☆☆
De Lea Glob
Né du coup de foudre de la réalisatrice Lea Glob pour son sujet (l’artiste Apolonia Sokol), Apolonia, Apolonia suit le parcours de cette peintre danoise sur treize années, de ses études aux Beaux-Arts de Paris au début de sa carrière aux États-Unis, jusqu’à sa pleine consécration. S’il reste quelque chose de fondamentalement irrésolu dans ce film (pourquoi avoir suivi cette peintre plutôt qu’une autre ? Qu’a-t-elle de particulier ?), la trajectoire d’Apolonia Sokol s’avère, au bout du compte, plutôt passionnante. De sa relation bouleversante avec la Femen ukrainienne Okasana Shachko aux pratiques scandaleusement néolibérales du marché de l’art américain, le documentaire donne à voir suffisamment de séquences originales pour dépasser le stade du simple exercice égocentrique. On regrettera juste sa forme trop éparse pour véritablement développer un propos sur l’art contemporain aujourd’hui.
Nicolas Moreno
Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première GoPREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME
LE JEU DE LA REINE ★★☆☆☆
De Karim Aïnouz
Karim Aïnouz (La Vie invisible d’Euridice Gusmao), change de braquet avec ce projet de prestige, tourné en anglais, avec stars au générique (Alicia Vikander, Jude Law) et sélection en compétition à Cannes. Mais ce qui faisait la singularité de son cinéma se dissout dans un film de facture passe-partout. Adapté d’un best-seller d'Elizabeth Fremantle, Le Jeu de la reine brosse le portrait de Catherine Parr, sixième et dernière femme d’Henri VIII, souverain à la réputation de Barbe-bleue qui avait l’habitude de décapiter ses épouses. Aïnouz envisage la relation entre Parr et son monstrueux époux comme un drame sur la violence domestique, à la lisière du huis-clos horrifique. Mais sa célébration de l’empowerment féminin, qui plaque sur la période un point de vue très contemporain, se révèle assez banale, et finit par dessiner les contours d’un nouvel académisme.
Frédéric Foubert
Lire la critique en intégralitéPATERNEL ★★☆☆☆
De Ronan Tronchot
L’incapacité de l’Eglise à se moderniser inspire les cinéastes. Dans Magnificat, Virginie Sauveur racontait l’histoire d’une femme devenue prêtre en réussissant à garder le secret sur son sexe. Ronan Tronchot met, lui, en scène un prêtre qui voit débouler dans sa vie son ex et l’enfant de 11 ans qu’il a eu avec elle avant d’entrer dans les ordres. Porté par un Gregory Gadebois une fois encore remarquable, le film reste trop scolaire dans la conduite de son récit pour aller au- delà de la simple illustration de son sujet
Thierry Cheze
LA THEORIE DU BOXEUR ★★☆☆☆
De Nathanaël Coste
Qu’est-ce que la théorie du boxeur ? La thèse s’applique aux combattants qui ne parviennent plus à encaisser les coups. Ici, la doctrine caractérise l’évanouissement de la faune et de la flore française, qui ne parviennent plus à écoper les catastrophes liées au réchauffement climatique. Ce documentaire didactique morcelle un panorama hexagonal, où des artisans livrent, non sans inquiétude, leurs constatations sur l’état des sols, taris par les fortes chaleurs. Cette fresque paysagère, loue le rôle de lanceur d’alerte en abordant sans détour, des sites époustouflants, contrastés à des plans déshérités. L’authenticité brute de pomme des agriculteurs, s’entremêle à cet appel à la prise de conscience collective, qui, à juste titre, interpelle. Le voyage se veut salvateur, réfutant le K.O de la végétation.
Manon Bellahcene
O’ CORNO : UNE HISTOIRE DE FEMMES ★★☆☆☆
De Jalone Camborda
Dans l’intimité d’une chambre, une femme en aide une autre à avorter. Cette scène d’ouverture constitue le point névralgique de ce drame choc, qui raconte le destin d’une infirmière reconvertie dans l’avortement clandestin en période Franquiste. Si le sujet est important, le film trimballe son héroïne d’un lieu à l’autre sans savoir où aller. De l’avortement à la prostitution, de l’exil à la libération sexuelle, on peine à cerner les intentions de la réalisatrice dans ce trop-plein de canevas.
Yohan Haddad
PREMIÈRE N’A PAS AIME
LA PROMESSE VERTE ★☆☆☆☆
De Edouard Bergeon
Plus qu’un succès, un phénomène de société ! Avec Au nom de la terre, Edouard Bergeon a marqué durablement les esprits comme on a pu le constater lors de la récente crise agricole où il apparaît toujours comme une référence. S’il a touché aussi juste, c’est parce qu’il connaissait son sujet sur le bout des doigts, la tragédie qu’il racontait ayant été vécue par sa famille. Pour son deuxième long, au lieu de creuser le même terrain, il a choisi de partir ailleurs. La Promesse verte met en scène le combat d’une mère pour sauver son fils, injustement condamné à mort en Indonésie car piégé après voulu dénoncer les actions illégales d’exploitants d’huile de palme. Le geste est noble mais sa non- maîtrise précise du sujet l’entraîne à simplement singer en moins bien des dizaines de films du même type. Sans souffle, enchaînant les situations convenues, ses deux heures paraissent interminables.
Thierry Cheze
Et aussi
Alienoid : Les Protecteurs du futur, de Choi Dong- hoon
L’Antilope d’or, la renarde et la lièvre, programme de courts métrages
L’Attaque du bloc d’or, de Olivier Goujon
Les Fées sorcières, programme de courts métrages
La Flamme verte, de Mohammad Reza Aslani
La Lettre (Voyage au pays d’avant Me too- 2), de Anita Schultz- Moszkowski
Nous serons toujours là ! (Plogoff 1980), de Nicolas Guillou
Reprises
Man hunt (Chasse à l’homme), de Fritz Lang
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