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Deux films. C’est sans doute ce qu’on retiendra d’Edouard Molinaro. L'Emmerdeur sur un scénario de Veber et La Cage aux folles, ses deux sucès historiques. Avec Oscar (le meilleur De Funès), ces deux films ont fait d’Edouard Molinaro un prince de la comédie française 70’s (derrière le roi Oury). Pourtant, c’est dans un autre genre qu’il commença d’œuvrer.Il se forme en signant très tôt des courts métrages amateurs puis se fait la main en tant qu'assistant réalisateur (de Robert Vernay, Maurice de Canonge) pendant une dizaine d'années. Contemporain de la nouvelle vague, mais navigant à la marge, Molinaro débute avec deux polars. L’étrange La Mort de Belle d’après un roman de Simenon, un film lent, poétique quasi documentaire (forcément un bide) et Les Ennemis, film d’espionnage avec Roger Hanin (autre insuccès).C’est en passant à la comédie que Molinaro va trouver sa voie. Dans les 60’s il se tourne vers ce genre et applique son sens du rythme hors du commun pour faire exploser les codes. Il fait tourner les plus grands acteurs de l'époque, Brigitte Bardot (Une ravissante idiote), Jean-Paul Belmondo, Claude Rich, Françoise Dorléac, Catherine Deneuve (La Chasse à l'homme) et connaît des triomphes en salles, notamment avec ses adaptations théâtrales. Avec Oscar en 1967, il pousse à son comble les ressources rythmiques de Louis De Funès en l’enfermant dans une maison pour trousser un marivaudage étincelant. Un triomphe qui se fit malgré les très mauvaises relations entre le cinéaste et son acteur, qui vivait mal le sérieux que Molinaro, qui ne riait pas aux blagues de De Funès, gardait derrière la caméra. En 1973, c'est L'Emmerdeur, avec l'inoubliable duo formé par Lino Ventura et Jacques Brel. Il avait déjà fait tourner ce dernier dans sa grande comédie en costume Mon Oncle Benjamin, dans laquelle le chanteur incarnait un médecin de campagne ripailleur et coureur de jupons. Puis en 1978 La Cage aux folles révèle la virtuosité comique et l’ironie mordante de Michel Serrault. Le succès de cette comédie aujourd'hui très datée qui lui valut une nomination à l'Oscar et à Serrault, son premier César en 1979, entraînera deux suites et un remake américain. Avec Beaumarchais, l'insolent il signe son dernier film de cinéma en 1996. Mais poursuivra une carrière à la télévision en adaptant Stefan Sweig, Henry James ou encore Balzac (Nana, avec Lou Doillon en 2001).Lorgnant clairement vers Hawks et la screwball comedy, il aura su allier la classe américaine à une tradition très française, truculente.