Des réalisatrices, productrices, actrices et scénaristes de sexe féminin font la révolution à Hollywood.
Emma Watson ? "Je trouve ça normal d'être payée autant que mes collègues masculins". Salma Hayek ? "Notre seule valeur pour un film, c'est d'être considérées comme des objets sexuels. Voilà l'apport des femmes à un film". Diane Kruger ? "L'acteur est toujours casté en premier. Et il a le droit d'approuver, ou non, sa partenaire". Kristen Stewart ? "Hollywood est épouvantablement sexiste".
De nombreuses actrices critiquent ouvertement le système hollywoodien. La dernière en date ? Gwyneth Paltrow, qui a poussé un coup de gueule auprès de Variety : "Le salaire permet de savoir ce qu'on vaut. Que les hommes soient plus payés que les femmes pour faire la même chose, c'est merdique". Et il n'y a pas que les comédiennes qui accusent cette industrie de sexisme. Les réalisatrices sont sous représentées à Hollywood, réalisant seulement 5% des films qui y sont produits. Même constat du côté des séries télé, d'ailleurs, où elles représentent environ 16% des metteurs en scène. Une situation qui soulève de nombreuses questions et revient régulièrement à la une de l'actualité ciné. Comme quand Patricia Arquette aborde ouvertement le sujet en recevant un Oscar, par exemple.
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Cette question du sexisme à Hollywood fait même tellement débat qu'elle va officiellement faire l'objet d'une enquête du gouvernement des Etats-Unis, révèle Deadline. La commission pour l'égalité dans l'emploi (Equal Employment Opportunity Commission) est ainsi chargée à partir de cette semaine d'interviewer une cinquantaine de femmes travaillant pour le cinéma ou la télévision américaine. Les intéressées sont réalisatrices, scénaristes et/ou productrices et elles ont reçu il y a quelques jours une lettre leur demandant si elles accepteraient de parler de leur ressenti à Hollywood. "Nous aimerions connaître votre point de vue personnel, vos anecdotes et les obstacles que vous avez pu rencontrer en essayant de réussir dans votre métier", détaille la demande officielle. A partir de ces témoignages, la commission rédigera un rapport. Les résultats pourraient imposer aux dirigeants des studios hollywoodiens une nouvelle politique, précise l'article en prenant l'exemple de précédentes actions d'EEOC qui ont permis d'éditer des lois anti-discriminatoires depuis les années 1960, qu'elles soient liées à l'âge, au sexe, à la couleur de peau ou à la religion des employés.
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Maria Giese, scénariste et réalisatrice américaine qui a créé le site internet Women Directors In Hollywood explique qu'elle a approché la commission il y a deux ans déjà, mais qu'à ce moment là, "une enquête aussi large ne pouvait être immédiatement planifiée". "J'ai alors compris qu'une femme devrait accuser directement un studio en particulier si elle se sentait discriminée, et qu'il y aurait très peu de critiques, que personne n'oserait s'élever contre ce système par peur des retombées sur sa carrière". C'est finalement les membres de l'ACLU (American Civil Liberties Union) qui ont réussi à convaincre la commission de lancer cette enquête exceptionnelle dans l'histoire de Hollywood. La lettre envoyée par l'EEOC précise à ce propos que les témoignages resteront anonymes.
Deadline conclut en rappelant que ce n'est pas la première fois qu'un groupe tente de réunir des données précises sur le travail des femmes à Hollywood. La puissante Directors Guild of America avait par exemple porté plainte contre la Warner Bros et Columbia en 1983 pour dénoncer la faible représentation des réalisatrices au sein de ces studios. L'affaire avait fait du bruit à l'époque, mais aujourd'hui, l'enquête qui s'annonce s'étend à toute l'industrie. Et pourrait ouvrir la voie à des recours collectifs en justice.
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