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Et si les films ne sortaient plus le mercredi ? Et si l’on changeait cette étrange habitude typiquement et quasi exclusivement française (dans le reste de l’Europe et aux US, c’est le vendredi) ?Flashback : à l’origine les sorties salles avaient lieu le vendredi, mais en 1937, parce qu’il n’y a pas école le jeudi, les sorties ciné se calent sur ce jour de la semaine. Avant de passer le mercredi en 1972, lorsque le gouvernement décide que ce jour-là sera relâche pour les mômes. Dès lors, le rituel hebdomadaire s’inscrit dans le marbre – ou presque. Mais évidemment, en 40 ans, les choses ont changé. Et la question se pose de savoir s’il ne faudrait pas revoir le calendrier… La semaine dernière au congrès des exploitants de Deauville, Jérôme Seydoux (coprésident de Pathé, voir photo) a donc lancé un pavé dans la mare en se prononçant pour une sortie des films en salles les vendredis. Avec un argument un peu spécieux : « si on était sorti le vendredi, Bienvenue chez les Ch’tis auraient battu le record de Titanic (3D) ». Heu… Jeudi dernier, Seydoux relançait la polémique sur Europe 1. Son souhait ? « Que les entités professionnelles étudient cette question sérieusement ». Mais pourquoi, Jérôme ? « Parce qu’il faut démarrer fort, c’est important pour un film ». Depuis quelques années, on sait que le plus grand nombre d’entrées lors de la première semaine d’exploitation se fait le week-end. Et une sortie le vendredi permettrait d’avoir un premier box office bien plus conséquent. L’ennui, c’est que ce qui marche pour les blockbusters, ne marche pas pour les films plus fragiles. Rassemblés sous l’appellation D.I.R.E, les Distributeurs Indépendants Réunis Européens contredisent ainsi cette idée : « la montée en puissance des films art et essai n'est pas liée à l'arrivée du week-end - en part de marché - mais bien à une question de "mise en route" plus lente. ». Conséquence ? Pour le syndicat : « sortir nos films le vendredi induit un risque de les voir déprogrammés car ils n’auront pas eu le temps de faire leur preuve ». Autre argument de Seydoux, la programmation des exploitants. A ce jour, les gérants de salles revoient leurs programmes les lundis, ce que Seydoux déplore : « la programmation se fait en pagaille sur des chiffres du week-end qu’on a à peine eu ! ». Repousser la sortie des films le vendredi entraînerait donc un report de la programmation qui permettrait d’avoir une vision plus globale (plus juste ?) du potentiel des films. Côté distribution, le D.I.R.E a tendance a modérer : « il est fort probable que les exploitants continuent à réfléchir dès le début de semaine à quels films programmer/déprogrammer ».Reste le souci de Jérôme Seydoux de se caler sur les sorties salles mondiales. Alain Terzian (producteur et président de l'académie des César) s'appuie sur les chiffres annuels et rétorque sur Europe 1 : « ça marche mieux chez nous ! ». Une spécificité française à laquelle tient l’industrie cinématographique, pour une grande partie de laquelle – au passage - les propos du patron de Pathé n’engagent que lui. Si le débat commence à enfler, la question semble encore prématurée.