Intouchables cartonne dans les pays francophones et en Allemagne. Où en sont les prévisions à ce sujet ?Eric : Intouchables va peut-être titiller le record d’un film français en Allemagne, détenu par Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain avec 3,2 miilions d’entrées (il l’a dépassé depuis). Pour le reste, les États-Unis en particulier, c’est plus aléatoire. Il va d’abord sortir à New York et à Los Angeles dans un circuit restreint comme The Artist. Harvey Weinstein a quant à lui acheté les droits pour un remake. On a émis l’idée de le proposer à Colin Firth que nous devons rencontrer.Comment avez-vous vécu les deux polémiques : celle, aux États-Unis, sur le prétendu racisme du film et celle, en France, où Jean-Marie Le Pen a comparé l’état de notre pays à celui du héros handicapé ?Olivier : On n’en attendait pas moins de la part de Le Pen. Il est sur sa ligne.Éric : Concernant les États-Unis, c’est une polémique montée en épingle par les médias. Quand Intouchables a dépassé les dix millions d’entrées, un type a cru bon de ressortir le seul article américain à charge passé inaperçu - le journaliste faisait des amalgames ridicules. La méthode nous dérange plus que le contenu.L’édition double et le Blu-ray d’Intouchables, très attendus, ne déçoivent pas. Il y a notamment un formidable documentaire tourné par votre chef opérateur, Mathieu Vadepied, pendant la préparation et le tournage...Éric : Il illustre notre collaboration fructueuse avec Mathieu, qui a eu cette idée touchante de faire les portraits croisés des acteurs et de leurs modèles. On trouvait notamment intéressant qu’il interroge les acteurs tout de suite après une prise, chose inédite à ma connaissance.Vous dites que vous êtes allé le chercher parce que vous vouliez un film qui fasse vraiment cinoche. Vos précédents films ne l’étaient-ils pas assez à vos yeux ?Éric : Il fallait filmer un gars en fauteuil face à un autre d’1m90. Tous les gens du métier savent qu’il n’y a rien de plus dur à rendre à l’écran, ce n’est pas cinématographique.Olivier : L’idée était de filmer la comédie comme un drame. C’était bien de travailler avec quelqu’un qui ne partageait pas nos références.Eric : Mathieu, qui a bossé avec Pialat et Audiard, nous a dit : « Je vais venir et je vais vous faire chier ! » Ça tombait bien, on cherchait un contradicteur. On n’a pas abandonné la comédie et lui n’a pas changé sa façon de raconter les choses visuellement.Après Bienvenue chez les Ch’tis, Dany Boon a déçu. James Cameron, lui, est allé vivre sous l’eau pendant dix ans au lendemain de Titanic. Redoutez-vous l’après Intouchables ?Olivier : Le succès n’a rien changé à notre envie de cinéma et, surtout, à notre goût d’un certain cinéma. On ne va pas se mettre à tourner des films de SF à gros budget parce qu’on pourrait soudainement le faire !Le cinéma français vient de vivre une année incroyable que les César vont clôturer en beauté. Une ou plusieurs statuettes feraient-elles votre bonheur (l’interview a été réalisée avant la cérémonie) ?Olivier : Bien sûr, mais on ne sera pas déçus dans le cas contraire. On était sincèrement contents quand les nominations sont tombées. On nous avait tellement répété qu’on n’aurait rien...Éric : C’est l’aspect collectif qui nous plaît dans ces neuf nominations. On reste dans l’esprit du film.
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- Les réalisateurs d'Intouchables en interview : "Le succès n'a rien changé à notre envie d'un certain cinéma"
Les réalisateurs d'Intouchables en interview : "Le succès n'a rien changé à notre envie d'un certain cinéma"
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