Présenté par Dominique Besnehard, « Place au cinéma » fête ce soir les 40 ans du thriller de Brian De Palma sur France 5.
Un film sous influences
Nous sommes en 1980. Brian de Palma sort tout juste du succès de Pulsions et croule alors sous les projets. On lui propose de réaliser une série pour HBO et, au cinéma, de mettre en scène le scénario de Flashdance écrit par Joe Eszterhas. Mais De Palma décline, plus intéressé alors par l’adaptation du roman de Robert Daley, Prince of the city. Et quand il s’en fait écarter au profit de Sidney Lumet, il en revient à une idée née pendant le mixage de Pulsions après avoir longuement observé son responsable des effets sonores: un thriller centré sur un ingénieur du son qui possèderait la pièce manquante pour résoudre une enquête policière. Pour développer cette idée, il organise un concours de scénarios réservé à des étudiants canadiens en s’engageant à tourner le meilleur. Sauf qu’aucun ne trouve grâce à ses yeux et qu’il se met lui- même au boulot pour arriver à une première version qui trouvera d’emblée un financement. Appelée alors Personal effects, elle raconte donc comment un ingénieur du son, témoin d'un accident qui a coûté la vie à un candidat à l'élection présidentielle, va tenter de prouver qu'il s'agit d'un assassinat au moyen de l'enregistrement sonore qu'il a fait de ce moment. Et ce film va naître sous de nombreuses influences. D’abord celle qui lui donne son titre final, Blow out : Blow up où Michelangelo Antonioni racontait comment un photographe découvrait, en agrandissant un de ses clichés, en apparence banal un revolver sortant des feuillages. Mais il s’inspire aussi du Conversation secrète de Francis Ford Coppola et du Sueurs froides d’Alfred Hitchcock auquel de nombreuses scènes de Blow out font écho, de l’idée d’un personnage central aux prises avec une machination qui le dépasse à la présence d’une cloche – détail essentiel du film du maître du suspense – dans sa scène finale
Les retrouvailles De Palma- Travolta
C’est à Al Pacino que Brian De Palma a d’abord pensé pour tenir le rôle central de Blow out. Mais celui- ci est pris par l’enchaînement de La Chasse de William Friedkin et d’Avec les compliments de l’auteur d’Arthur Hiller et il devra attendre 1983 et Scarface pour tourner avec De Palma. Ce dernier décide alors de contacter John Travolta qu’il a déjà dirigé en 1976 pour sa deuxième apparition au cinéma dans Carrie au bal du diable. Travolta accepte, enthousiaste, ce qui sera son premier véritable rôle d’adulte. Le producteur George Litto aimerait alors surfer sur le succès de Grease et l’associer de nouveau à Olivia Newton- John. Mais De Palma s’y oppose alors qu’il va accepter l’idée de Travolta qui ne l’enthousiasme pourtant guère au départ : Nancy Allen, l’épouse du cinéaste qui jouait déjà la petite amie de Travolta dans Carrie. De Palma cède même s’il sait qu’à force de diriger sa femme dans ses films, leur couple en pâtit. Et la suite le confirmera : ils se sépareront définitivement peu après le dernier clap de Blow out.
Un accueil mouvementé
Blow out reçoit, à sa sortie, une volée de bois vert par une grande majorité de la critique, ne voyant en lui qu’un banal thriller en occultant totalement tout son aspect politique. Et dans la foulée, il subit un cuisant échec en salles qui affectera beaucoup De Palma, même si certaines grandes voix de la presse comme Pauline Kael le salue alors comme le plus grand film de sa carrière. Et le temps lui donnera raison. Avec les années, Blow out est devenu un classique célébré.
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