Les réalisateurs de Batgirl racontent l'annulation hallucinante dans Quotidien

"Nous, on a toujours voulu faire partie de l'histoire du cinéma, mais pas comme ça, tu vois ?"

Adil El Arbi et Bilall Fallah ont déjà raconté l'annulation de Batgirl cet été en interview, expliquant notamment : "Tout a disparu. Sur le serveur, tout était bloqué. Y avait pas moyen d'accéder au film !" Ils reviennent aujourd'hui plus en détails sur cette décision choc de David Zaslav, le nouveau patron de Discovery et la Warner Bros, qui a préféré annuler la diffusion de ce blockbuster de super-héros budgété à 90 millions de dollars plutôt que de le sortir au cinéma ou sur une plateforme, comme cela était prévu. Ainsi, pas besoin de financer la post-production, d'éventuels reshoots, ni la promotion de Batgirl : celui-ci ne sortira jamais.

Les réalisateurs parviennent tout de même à garder le sourire. Après avoir conçu Bad Boys For Life et la première saison de Miss Marvel, à Hollywood, ils sortent en ce moment Rebel, un drame sur Daesh. Invités par Yann Barthès dans l'émission Quotidien, sur TMC, voici ce qu'ils racontent sur le choc de l'annulation de Batgirl. Leur interview est visible en vidéo ici.

A propos du budget important et de l'annulation
"En fait, c'était 82 millions, mais c'est encore trop de thunes ! C'était assez spécial, jamais on aurait cru que c'était possible dans l'histoire du cinéma. Nous, on a toujours voulu faire partie de l'histoire du cinéma, mais pas comme ça, tu vois ? (rires)"

Quand et comment ont-ils appris l'annulation ?
"- Moi, c'était deux jours après mon mariage au Maroc", répond Adil El Arbi.
"- Et moi, j'étais au cimetière, j'allais voir mes grands-parents à Tanger. J'étais déjà dans une zone très émotionnelle quand j'ai reçu ce coup de fil : 'Batgirl is done'."

"Quand la productrice a appelé, on voyait déjà des messages, des gens étaient déjà en train de dire sur Twitter que le film était annulé. On nous a dit : 'Il y a un nouveau management, des nouveaux patrons de Warner et eux ils ont pensé que c'était moins cher de ne pas sortir le film.' S'il sort, on devra faire des reshoots... le film était loin d'être terminé. Même le sortir sur une plateforme aurait coûté plus cher que de ne pas le sortir, car ils peuvent alors récupérer une grosse partie de la thune. Le film n'était pas terminé, on était juste au début du montage. Il y avait juste eu un 'screen test'. Bad Boys for Life a eu 11 screen tests : on remonte le film, on le modifie, on le remontre, on refait quelques scènes... C'est dingue."

"- C'est un nouveau régime, y a un nouveau patron. Ils ne veulent plus sortir de films sur HBO Max. David Zaslav, on l'a jamais rencontré. C'est sa décision à lui. Il devrait nous donner un autre job, maintenant ! (rires) Quand on l'a appris, j'ai appelé le monteur pour savoir s'il avait une copie, et j'ai demandé à Bilall de le filmer avec son smartphone." 
"- Mais quand je suis parti sur le serveur, tout était bloqué. On n'a pas les rushes, rien du tout." 

Un rêve au réveil difficile
"Ça fait mal au coeur, surtout pour l'équipe. Les acteurs... C'est comme si on était dans un rêve, en fait. On était là en train de faire un film à Gotham avec Batgirl, Brendan Fraser en méchant, J.K. Simmons et Michael Keaton, le Batman de Tim Burton ! Et d'un coup, c'est comme si on s'était réveillés et que c'était pas la réalité. (...) C'est dommage, tous ces acteurs, ce sont des icones. Enfin, ils ont tous été payés. Nous aussi, jusqu'à ce qu'il soit arrêté."

Attaquer la Warner ? 
"Si on veut un futur à Hollywood, c'est mieux de ne pas le faire. On a été beaucoup soutenus. C'était une onde de choc à Hollywood, du jamais vu. Y a des réalisateurs comme James Gunn, qui a fait Les Gardiens de la Galaxie, ou Edgar Wright, qui nous ont envoyé des messages de soutien. Beaucoup d'acteurs, de réalisateurs... Avant, on pouvait avoir peur que notre film ne sorte qu'en streaming, sur une plateforme. Maintenant, les réalisateurs, ils vont avoir peur de réaliser tout un film et que le film ne sorte pas."

"Non, ce n'était pas trop radical. C'était un film de super-héros normal."