Toutes les critiques de Teheran

Les critiques de Première

  1. Première
    par François Cardinali

    Né à Paris de parents iraniens, Nader T. Homayoun se joue des règles du film de genre pour capter l’énergie d’une ville en pleine métamorphose architecturale. Forcé de contourner les pièges de la censure et de la police pour tourner clandestinement en décors réels et avec de vrais habitants, le réalisateur offre une mise en scène naturellement nerveuse et rythmée. Les larges focales, permettant de passer inaperçu dans les lieux publics, saisissent avec réalisme toute une toile de fond sociale et urbaine. À cet égard, la scène de violence finale dans l’aéroport est exemplaire. Si le sujet est dramatique, le réalisateur sait distiller des moments d’humour
    (la séquence du portable durant le mariage) qui donnent de la chair à un récit où la gravité est tempérée par des touches de légèreté.

Les critiques de la Presse

  1. L'Express
    par Julien Welter

    (...) Nader T. Homayoun a tourné, sous le manteau, un film noir qui prend le pouls de la société iranienne: paupérisation, essor de la criminalité et "désacralisation des valeurs sociales". Tehroun (le nom de la capitale en argot) vaut bien le New York des années 1970-1980, et les antihéros de Téhéran, les voyous du cinéma de Scorsese et Ferrara. Pour son premier long-métrage, ce diplômé de la Fémis, l'école de cinéma française, signe une plongée étouffante dans une ville méconnue.

  2. Elle
    par Florence Ben Sadoun

    Après Les chats persans, de Bahman Ghobadi, c'est un nouveau visage de Téhéran que Nader T. Hamayoun a filmé sans autorisation. Le réalisateur franco-iranien pousse le jeu de la fiction jusqu'à faire basculer son film dans un thriller à l'iranienne.

  3. Télérama
    par Jérémie Couston

    A l'opposé des paraboles auxquelles le cinéma iranien nous a habitués, Nader T. Homayoun a voulu un vrai polar. A l'occidentale (mafieux + poursuites), l'insolence en plus : si les escrocs commencent, classiquement, par se déguiser en flics pour bra­quer des voitures, ils se font passer pour des religieux pour détrousser les participants d'une fête huppée... Le réalisateur a tourné en quinze jours et sans autorisation. Dans la rue, dans le métro, souvent de très loin, au zoom, et parfois en caméra cachée. Ce qui donne à l'image une texture un peu trouble, comme la morale des personnages. Son film témoigne, dans l'urgence et avec une belle vitalité, de la vie comme elle va - mal - au pays des mollahs.

  4. Fluctuat
    par Vanessa Aubert

    Nader T. Homayoun a l'intelligence d'adapter sa réalisation à ses contraintes de tournage et la scène de meurtre filmée hors-champ en sort grandie. Idem pour le final tourné clandestinement dans un vrai aéroport et dont le contre-plongée permet de prendre de la hauteur sur l'évolution de l'événement. Pourtant, malgré une réalisation judicieuse, il n'est pas toujours facile de se laisser emporter par ces personnages restant à distance et de trouver le bon ton de ce film à la croisée des genres. Le rythme lent et les dialogues épars peuvent en égarer plus d'uns, qui, mis sur le bas côté, passeront sûrement loin du versant magnétique que peut prendre la jungle urbaine de Téhéran.

  5. Nouvel Obs
    par Bijan Anquetil

    (...) le portrait d’une société post-islamique au bord de l’explosion, où tout s’achète : drogue, pouvoir, enfant… Tout ceci vu à travers le destin de trois provinciaux impliqués dans un sordide trafic. Tourné sans autorisation, le film est une saisie à vif d’un univers urbain sous tension rarement montré au cinéma.

  6. Le Parisien
    par Marie Sauvion

    Tourné «à l'arrache», sans autorisation et en dix-huit jours seulement, ce polar captivant fonctionne selon le bon vieux principe de l'engrenage, les personnages courant à leur perte dans une ville sans pitié.
    Trafics de bébés ou de drogue, prostituées et faux gardiens de la révolution, petits magouilleurs et vrais assassins... Téhéran, Chicago, même combat.

  7. Le Monde
    par Jean-Luc Douin

    Réalisée de façon clandestine, cette sarabande de berneurs bernés dénonce une société gangrenée par toutes sortes de combines, où chaque délinquant s'avance masqué. De la tapineuse se faisant passer pour une étudiante à son souteneur (gérant d'un club de gym) en passant par le mafieux (patron d'une agence de voyages) et le trafiquant d'enfants (garagiste), chacun a une couverture. Ce système social construit sur le cynisme, l'appât du gain, la menace et la violence perdure en toute impunité, le pouvoir fermant les yeux tant qu'il n'est pas directement mis en cause.
    Nader Homayoun griffe au passage les islamistes (peu enclins à aider un citoyen non solvable) et montre comment, dans la terreur ambiante, il suffit de se déguiser en flic pour dévaliser des citoyens pris en faute (tapage nocturne, excès de vitesse) qui ne porteront pas plainte. Son propos fait oublier les quelques imperfections techniques.