Première
par Stephanie Lamome
Qui n’a pas connu le vertige de la soudaine remise sur le marché du célibat, avec ses moments d’euphorie programmés et ses promesses de lendemain qui dessoûlent ? Cette liberté aux ailes atrophiées qui ne voit pas plus loin que le bout de sa prochaine gueule de bois ? Mona Achache, Camille Chamoux (qui tient également le premier rôle du film) et Cécile Sellam décrivent, dans une
langue jamais trop chargée et toujours hilarante, ces rites de passage de la toute fraîche célibataire avant qu’elle ne fasse le dur réapprentissage de l’autonomie : murges expiatoires, coup d’un soir avec un « Jean-Michel Jarre » (comprenez « un mec dont on ne ressort pas indemne »), dimanches – épreuves ultimes du célibat – à tuer, interrogatoire des parents culpabilisants à surmonter... Pour
une fois, le statut de célibataire n’est pas uniquement traité du point de vue éthylique mais aussi social, et si Marie bosse au Pôle emploi, c’est parce que la précarité du monde du travail rejoint celle des rapports amoureux. Soudées par la méfiance qu’elles suscitent sur leur passage et les constants débriefs cathartiques de leurs galères de la veille, Marie et ses copines n’ont pas 20 ans, ne
sont pas forcément des bombasses et carrément pas féministes (« On s’en fout d’être féministe, ce qu’on veut, c’est avoir le cul ferme », dit l’une d’entre elles). Mais une chose est sûre : avec leurs idées longues, ces Gazelles courent plus vite que les autres.