Première
par Christophe Narbonne
Pour qui n’a jamais vu un film de Hong Sangsoo, celui-ci est une bonne entrée en matière. Le cinéaste sud-coréen infuse beaucoup de légèreté dans cette énième variation
autour de ses thèmes de prédilection : l’amour, l’ivresse et la duperie. Il le fait avec son dispositif habituel consistant en des boucles narratives qui sont à la fois des matières à fictions et une proposition de cinéma ludique et poétique. Isabelle Huppert interprète donc la même femme, successivement séductrice, adultère et bafouée, dans trois histoires qui dressent du mâle coréen un portrait peu flatteur – obsédé, lâche, superficiel, enfantin. Les acteurs jouent avec force détachement, comme si, au fond, tout cela n’était pas très important. C’est la limite du cinéma de Hong Sangsoo, dont on peut apprécier l’approche théorique sans complètement goûter son marivaudage « post-rohmérien".