Toutes les critiques de Dans un jardin qu'on dirait éternel

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sylvestre Picard

    Au début des années 90, Noriko, une jeune étudiante sage et mélancolique, ne sait pas quoi faire de sa vie. Ses parents lui proposent de suivre avec sa cousine plus délurée l’enseignement d’une voisine, madame Takeda, maître en cérémonie du thé. C’est le début d’un long apprentissage. Très long, très lent, très dur : Dans un jardin qu’on dirait éternel a beau s’étaler sur une vingtaine d’années, le temps qui passe n’est jamais un poids mort. Imaginez un film d’arts martiaux – avec l’immense Kirin Kiki (Une affaire de famille) en Yoda de l’eau chaude – dont le tempo sera celui de l’eau qui bout, et le credo serait de parvenir à accomplir les tâches les plus minimes et ingrates autour du thé matcha sans faillir ni trembler. Du point de vue documentaire, découvrir la cérémonie du thé japonaise est passionnant et parfois même amusant, mais le film ne saurait se réduire à son aspect pittoresque. Adapté d’un best-seller autobiographique vendu comme un ouvrage de développement personnel (l’art ancestral du chadô comme palliatif à la vie moderne), il s’avère extrêmement émouvant dans son traitement du temps qui passe : autour de gestes mille fois répétés, au cœur d’un espace réduit où les hommes sont hors champ, Noriko devient adulte. Tatsushi Omori (dont c’est le premier film distribué en salles en France ; son Murmure des dieux a été édité en DVD en 2007) saisit le moment où la micro chronique de thé devient immense chronique de vie.