Le présentateur de Sept à Huit diffusé sur TF1 a pris la plume pour signer dans le quotidien Le Monde une tribune dénonçant le retour de "La France raciste."
C’est une sortie médiatique qui risque de faire parler d’elle. Il faut dire que la démarche a de quoi surprendre de la part d’un journaliste peu habitué à s’exprimer publiquement lorsqu’il ne s’agit pas de promouvoir ses programmes. Et pourtant, malgré sa réserve légendaire, Harry Roselmack a choisi de signer une longue tribune diffusée sur le site internet du Monde, pour dénoncer une situation qui le préoccupe grandement et qui le ramène des années en arrière : le retour du racisme assumé et affiché.Quelques jours après l’accueil reçu à Angers par Christiane Taubira, la Ministre de la Justice, aux cris de "des bananes pour la guenon", le présentateur de Sept à Huit revient dans cette tribune sur son ressenti face aux derniers débordements racistes en France. Il confie ainsi : "Je me vois peu, mais je ne me vois pas Noir. En tout cas, je ne me qualifie pas comme tel, en général. Je suis d'abord un homme, un fils, un frère, un mari et un père, un citoyen, un journaliste, un passionné et oui, oui, c'est vrai, je suis noir. La République, son slogan et ses lois parviennent, la plupart du temps, à me le faire oublier. Et voilà qu'une minorité grandissante qui se présente comme gardienne ou salvatrice de cette République française vient briser cette prouesse cocardière. Me voilà ramené à ma condition nègre. Me voilà attablé avec d'autres Noirs parce qu'ils sont noirs. Et me voilà en train de m'offusquer d'une idiotie qui ne m'atteignait guère : le racisme."Il en profite pour revenir sur les déclarations d’une élue du Front National qui, dans un entretien diffusé dans l’émission Envoyé Spécial sur France 2, comparaît Christiane Taubira à un singe : "Parce que l'expression de ce racisme, dans la bouche d'une candidate Front national aux municipales (exclue depuis), était primaire, parce qu'elle recourait à une iconographie profondément choquante qui niait au nègre le statut d'être humain, elle m'a amené à m'interroger, en tant que Noir d'abord, en tant que citoyen, fils, père et mari ensuite."Il poursuit en taclant le Front National : "En vérité, le "dérapage" d'Anne-Sophie Leclere n'est pas pour me déplaire. Parce qu'il n'est pas qu'un dérapage, il est l'expression, peu reluisante, d'une vision du monde partagée au sein du Front national. S'il est faux de dire que tous les électeurs et militants du FN sont racistes, il était tout aussi faux de dire qu'il n'y a pas de racisme dans ce parti. La xénophobie, le racisme en constituent même le ciment essentiel. Et il n'est pas inutile que son vernis républicain, grossier maquillage dont Marine Le Pen le badigeonne consciencieusement, s'écaille de temps en temps."Évoquant le malaise que peuvent provoquer les vieilles affiches de publicité pour le Banania mettant en avant le slogan "Y’a bon Banania", Harry Roselmack conclut en affirmant : "Tant que l'on laissera ces peaux de Banania traîner dans nos cerveaux, des glissades et dérapages vers l'injure raciste sont à craindre. Surtout par les temps qui courent, avec cette crise qui alimente la xénophobie de son bien étrange carburant : la jalousie envers plus mal loti que soi."
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