Germinal
TV/BANIJAY/Sarah ALCALAY

La nouvelle version du classique d'Emile Zola pour France Télévisions est assez stupéfiante, à la fois édifiante et spectaculairement belle.

Le symbole est fort. C'est dans l’ancienne mine de Wallers-Arenberg (dans le Nord), là où une grande partie de la série a été tournée, que Germinal a été montrée pour la première fois, dans le cadre du festival Séries Mania en août dernier. Avant-même sa mise en ligne sur Salto, début septembre, puis sa diffusion en prime time sur France 2, à partir de ce soir, c'est à un public éminemment concerné que le réalisateur David Hourrègue et le scénariste Julien Lilti ont réservé la primeur de leur version 2021 de l'oeuvre d'Emile Zola. Signe des temps qui changent, 30 ans après le film de Claude Berri, qui arrivait lui-même 30 ans après le film d'Yves Allégret, c'est désormais en mini-série qu'on retrouve La Maheude, Lantier, Hennebeau et tous les autres. Six épisodes qui permettent de prendre son temps pour disséquer le roman de 1885, en capturer toutes les subtilités, et surtout retranscrire le plus fidèlement possible la vie des gueules noires et leur colère grandissante...

L'histoire, tout le monde la connaît. A la mine « Le Voreux », dans le nord de la France, un nouveau coup de grisou entraîne le décès de Fleurance. Tout juste arrivé sur place, Étienne Lantier, ouvrier au chômage, se fait engager dans l'équipe de Toussaint Maheu. Il va découvrir la dure vie de mineur de fond, à 600 mètres sous terre ou dans les corons, face à la pression des patrons, qui en demandent toujours plus pour moins. Influencé par les prémices du communisme et du syndicalisme, Etienne va souder ses camarades, pour faire front et ne plus accepter l'exploitation...



Le choc est d'abord visuel. Les décors sont impressionnants. L'image est belle. Spectaculaire. Le partenariat avec l'italien Rai a permis à France Télévisions d'offrir de gros moyens pour que la production soit à la hauteur de ses ambitions. Ce Germinal-là n'a absolument rien à envier aux précédentes versions. Il a d'ailleurs paradoxalement une qualité cinématographique qui saute aux yeux. Certes, on est bien dans une variation sérielle du livre d'Emile Zola, mais cette adaptation 2021 se regarderait tout aussi bien sur grand écran.

Dès les premières secondes, on est propulsé dans l'atmosphère asphyxiante des mineurs, cette vie de labeur sacrificielle qui sonne tellement irréelle avec nos yeux du XXIe siècle. Les scènes sous terre, à charrier du charbon toute la journée, sont aussi époustouflantes qu'angoissantes. Et quand on ressort à l'air libre, c'est pour mieux se baigner dans l'écosystème des Corons, recréé avec une minutie remarquable. Une oeuvre historique à la beauté vertigineuse, mise en images par David Hourrègue (Skam France) avec une puissance presque cinglante.

Mais au-delà du décorum, Germinal brille par son écriture moderne. Tous les dialogues ont été réécris et sonnent plus justes que jamais. La colère des travailleurs va crescendo, épisode après épisode, et l'intensité du drama se fait plus électrique. Avec du temps pour transposer à l'écran les personnages de Zola (notamment les personnages féminins), chacune des intrigues trouve sa place dans ce récit chorale, porté par un casting au diapason. Réaliste, épique, dramatique, ce Germinal était nécessaire.

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