Benoît Jacquot et Jacques Doillon sont aussi visés par des accusations d'Isild le Besco, Anna Mouglalis...

Suite à la plainte de Judith Godrèche pour viols sur mineure, les réalisateurs sont la cible d'autres actrices dénonçant leur comportement de prédateurs sexuels.

Après avoir publiquement dénoncé l'emprise qu'il aurait exercé sur elle quand elle avait seulement 14 ans, Judith Godrèche a officiellement porté plainte contre le réalisateur Benoît Jacquot, cette semaine, pour "viols sur mineure de moins de 15 ans". Une accusation très sérieuse qui est suivie par d'autres témoignages de comédiennes ayant travaillé sous sa direction dans leur jeunesse.

Le Monde partage ainsi les propos de Vahina Giocante, Isild le Besco, Julia Roy, Anna Mouglalis ou encore Laurence Cordier au fil d'un long article dénonçant "un système de prédation sous couvert de cinéma".

Judith Godrèche a été révélée par La Désenchantée, de ce réalisateur, sorti au cinéma en 1990, film sur lequel ils se sont mis en couple, quand elle avait 14 ans et lui, 40. Elle s'est alors sentie sous son emprise. Elle dénonce aussi le comportement de Jacques Doillon, qui l'avait dirigée un an plus tôt dans La Fille de 15 ans. Lui aussi est visé par des plaintes, également d'Isild le Besco, ainsi que d'Anna Mouglalis.

Julia Roy a tourné à trois reprises sous la direction de Benoît Jacquot : dans A jamais, Eva et Dernier amour, entre 2016 et 2019. Elle avait une quinzaine d'années quand elle l'a rencontré et il s'est également mis en couple avec elle, malgré leurs 42 ans d'écart. Elle raconte ses insultes et ses menaces de ternir sa réputation si elle le quittait. Interrogé par le journal français, le réalisateur confirme "des disputes" et "un coup de pied au cul", qu'il dit lui avoir mis "comme à un enfant pour le calmer".

Entre ces deux relations jugées toxiques, le réalisateur a aussi été en couple avec Isild le Besco, quand elle était également très jeune. Tournant à six reprises sous sa direction entre 2000 et 2010, la comédienne raconte aujourd'hui avoir subi "des violences physiques et psychologiques". Lui se défend en disant qu'elle aurait "très mal vécu" le fait qu'il ne veuille pas lui faire d'enfant : il était en couple avec une autre actrice, Anne Cosigny, la mère de ses deux fils, lorsqu'il a entamé sa relation avec Isild Le Besco.

Elle détaille en parallèle avoir côtoyé "quatre ou cinq semaines" Jacques Doillon lors de la préparation d’un film Carrément à l’ouest, sorti en 2001. "Lorsque j’ai refusé de coucher avec lui, il m’a retirée du projet et a donné le rôle à sa fille, raconte-elle. C’était assez subtil, dans le non-dit. A l’époque, ce que j’avais surtout trouvé injuste et abusif était de ne pas avoir été payée pour ce travail. Alors qu’il avait pris mes mots." Aujourd'hui âgé de 79 ans, le réalisateur réfute ces accusations.

Anna Mouglalis dénonce elle aussi le comportement déplacé de Jacques Doillon, en parallèle du tournage du film Un enfant de toi, dans lequel jouait Samuel Benchetrit. "Un soir après le dîner", il aurait tenté d'abuser d'elle, explique-t-elle : "Nous n’étions plus que deux dans la pièce. C’était dans la cage d’escalier sur le palier qui donnait sur la chambre de ma fille et la mienne dans laquelle j’allais rejoindre Samuel qui s’était couché plus tôt. Il m’a embrassée de force et je l’ai repoussé. C’est sidérant de tenter un truc pareil, dans ces conditions-là. Il y a un tel sentiment d’impunité, une telle réification."

Vahina Giocante raconte de son côté avoir été prévenue, avant de tourner Pas de scandale, sorti en 1999, que Benoît Jacquot "aimait beaucoup les jeunes femmes". Expliqant avoir perçu chez lui "un jeu de séduction assez subtil", elle se souvient d'avoir du retirer sa culotte le temps d'une scène "alors que cela n'avait aucune sens scénaristique", puis précise avoir mis fin à ses avances le jour où il lui a demandé d'être "gentille" avec lui, lui faisant comprendre qu'elle obtiendrait un rôle dans l'un de ses futurs films si elle acceptait de coucher avec lui. Elle a refusé net, et le rôle féminin principal de Sade a finalement été tenu par... Isild Le Besco.

L'ensemble des témoignages sont à lire en ligne dans l'article très complet du Monde.